Coquecigrues. En voilà un terme étrange. Définition : chimère, étrangeté, animal imaginaire, burlesque. C’est donc le nom de la collection que Christian Astuguevieille a dessinée pour la maison Pierre Frey. Neuf tissus et sept papiers peints dont deux panoramiques, traités dans les thèmes chers à cet artiste en marge que sont les symboles et les rites des civilisations anciennes d’Asie et d’Océanie. Une œuvre reconnue depuis les années 80, toujours aussi fascinante, où le travail de la corde, l’écriture, le collage , le surréalisme, les animaux imaginaires sont traités avec autant de maîtrise que de poésie.
Gribouillages
Ce fut un tendre « blasphème » que de réinterpréter les toiles issues du Musée de la toile de Jouy et du fonds patrimonial Pierre Frey, ainsi que les gravures étrusques du XVIIIe siècle en les gribouillant à l’encre de Chine. C’est ce qu’aime Patrick Frey : les rencontres, les chocs, les cultures anciennes, les paysages lointains.
« Nous nous connaissons depuis vingt-cinq ans, et j’ai toujours eu une grande admiration pour son travail, confie-t-il. La collection allie passé et présent, et répond parfaitement à notre culture. » Autre rencontre, cette fois-ci avec les architectes parisiens Patrick Gilles et Dorothée Boissier, qui inaugurent en septembre leur showroom avenue Montaigne avec leur ligne de mobilier, de luminaires et d’objets déco baptisée « Les choses ».
Le duo a lui aussi puisé dans les archives du fonds patrimonial Pierre Frey pour sa collection « Les Trois Sœurs » et ses pièces : Juliette, un jacquard cachemire en laine inspiré d’un châle égyptien et d’une tenture turquoise qui tapissait un bureau lorsque Dorothée Boissier était enfant ; Victoire, inspirée par les rêveries du couple dans la chambre de la reine à Versailles, un lampas broché du XVIIIe ; et enfin Dorothée, un chintz évoquant un jardin anglais. « Un tout autre univers, certes, conclut Patrick Frey, absolument compatible avec notre métier, tout en gardant l’esprit français. »