Nouveau numéro IDEAT 153 : place à la mode et au design

Envolée, la frontière entre stylisme et création de mobilier. Désormais, les designers s’inspirent des drapés des vêtements quand les stylistes se laissent séduire par les courbes des meubles. IDEAT consacre son nouveau numéro à cette transversalité.

 Au programme du nouveau numéro IDEAT 153, plus de 300 pages de portraits de designers et de visites dans votre magazine, en kiosque dès le 1er avril.

  • Dossier Design : Nouvelle venue dans le monde du mobilier, Mono Éditions a été lancée par Laetitia Ventura autour d’une équation simple : une collection / un architecte / un matériau / un artisan.
  • Dossier Lifestyle : Plongez dans l’univers de René Gruau à travers plus de 100 illustrations de mode et d’affiches publicitaires réunies dans un ouvrage passionnant publié chez Prestel.
  • Dossier Mode & Design :Adepte du luxe feutré, la marque chinoise lifestyle Shang Xia, lancée en 2010 par Jiang Qiong Er, surgit sous les projecteurs avec une première collection de vêtements signée Yang Li, l’un des créateurs les plus en vue du moment.

Pour ce nouveau numéro, la rédaction visite à Boulogne-Billancourt, le musée Albert-Kahn. L’agence de l’architecte japonais Kengo Kuma l’a transformé en une suite de « plans-séquences ». Ce qui sied à un établissement consacré à l’image avec vue sur la nature alentour. Une bulle de quiétude dans la ville. 

Le musée Albert-Kahn à Boulogne Billancourt.
Le musée Albert-Kahn à Boulogne Billancourt. Olivier Ravoire

Dans le cadre de la campagne d’acquisition 2021 du Mobilier national viennent d’entrer 53 pièces, réalisées par 31 designers. Elles sont signées de créateurs émergents ayant répondu à un appel d’offres
de l’institution, soucieuse de soutenir les nouveaux talents. Découverte.

La banquette L’Écoucheur, de Pauline Esparon, est constituée d’étoupe de lin cultivé en Normandie.
La banquette L’Écoucheur, de Pauline Esparon, est constituée d’étoupe de lin cultivé en Normandie. Stéphane Ruchaud

Le 19M fera son apparition dans le dernier numéro 153. Derrière les luxueuses créations haute couture de la maison Chanel, une multitude de mains pétries de talent s’affairent au service de l’excellence. Tous ces métiers d’art sont désormais réunis sous un même toit, dans un écrin signé Rudy Ricciotti. Radical dans son écriture, mais délicat dans ses détails.

Au 19M, les deux chiffres rappellent l’arrondissement populaire qui accueille l’édifice, le XIXe.
Au 19M, les deux chiffres rappellent l’arrondissement populaire qui accueille l’édifice, le XIXe.  Chloé Le Reste

L’édito de Laurent Blanc pour le nouveau numéro 153 Spécial Mode & Design 

EN MODE DÉCO

Hello à toutes et à tous ! J’espère que vous allez bien. Voilà déjà votre IDEAT de printemps ! Je me doute que dans un contexte post-Covid compliqué, alors que l’épidémie reprend un peu partout dans le monde et avec la guerre en Europe à moins de 2 000 km de Strasbourg, ce printemps qui commence semble assez chargé en événements négatifs. Il faut (hélas !) vivre avec cela. La presse lifestyle est là pour vous donner un peu de rêve et d’évasion, avec de jolies images qui font du bien.

Ce mois-ci, nous avons choisi de vous concocter un IDEAT MODE & DÉCO, un mélange au cœur de la tendance actuelle. Entre habitat et habit, il n’y a que deux lettres qui différencient ces deux mots et ils partagent la même racine latine. Habitus signifie « manière d’être », mais aussi « mise, tenue, vêtements ». Christian Dior n’a-t-il pas dit : « Habiter une maison qui ne vous ressemble pas, c’est un peu comme porter les vêtements d’un autre » ? Autrement dit, montre-moi ton intérieur et je te dirai qui tu es ! 

Le premier à avoir croisé les genres travailla à Venise au tout début du XXe siècle. Il était espagnol et se nommait Mariano Fortuny. C’était un génie (trop méconnu). C’est lui qui a inventé le plissé qui porte son nom. Ses créations s’inspirent de l’Antiquité, de Byzance, de la Perse et du Japon. Le velours de soie est son étoffe favorite. Il habillait les belles Vénitiennes et décorait leurs palazzi. Son univers formait un tout extrêmement créatif et cohérent.

Dans les années 70, c’est Pierre Cardin qui dessine du mobilier. En 1985, Hermès édite « Pippa », une collection de meubles nomades en bois et en cuir imaginée par Rena Dumas, épouse de Jean-Louis Dumas (ancien président d’Hermès). Depuis, Hermès n’a cessé d’étoffer sa collection de meubles en faisant travailler les plus grands designers (le dessin de Paolo Mariotti ci-contre s’en inspire). Pour Olivier Gabet, directeur du MAD, le musée des Arts décoratifs de Paris, « la mode qui parle à la mode est un secteur qui tend à disparaître au profit d’un secteur en résonance avec les autres arts. Les créateurs les plus captivants sont ceux qui ont un bagage culturel et qui entretiennent d’autres centres d’intérêt. » *

Luca Nichetto, talentueux designer vénitien qui a travaillé pour les plus grandes marques (Cassina, Molteni, Foscarini…), en est le parfait exemple depuis qu’il a pris la direction artistique de La Manufacture, la très belle maison d’édition lancée par Robert Acouri, qui produit à la fois des meubles et des vêtements (p. 150).

Aujourd’hui, les plus grands noms s’essaient à la déco : H&M, Zara avec leur déclinaison Home, mais aussi Calvin Klein, Kenzo, Ralph Lauren, Dior, Gucci, Fendi, Missoni, Gianfranco Ferré, Louis Vuitton, Etro, Roberto Cavalli, Diesel (avec l’éditeur italien Moroso)…

Bulgari, Versace et Armani se sont, eux, lancés dans l’univers hôtelier où la déco a une place centrale. L’heure est à la création d’écosystèmes de luxe, qui englobent tous les domaines du loisir et du lifestyle.

Les créateurs de mode signent des collections pour des éditeurs : Raf Simons pour Kvadrat, Paul & Joe pour Madura, Christian Lacroix pour Designers Guild, Jean Paul Gaultier pour Roche Bobois ou Lelièvre, Dolce & Gabbana pour Smeg, Issey Miyake pour Iittala.

D’autres lancent leurs propres univers déco : Vanessa Bruno, Ann Demeulemeester, Serge Bensimon, Emma François (Sessùn), Elsa Poux (Mapoésie) ou Morgane Sézalory (Sézane)… Inversement, les grandes décoratrices et designers s’essaient un peu à la mode : India Mahdavi, Vincent Darré ou Margaux Keller pour Monoprix (p. 122), Sarah Lavoine sous sa propre marque et Patricia Urquiola pour Weekend Max Mara (p. 138).

Olivier Gabet poursuit : « La mode et le design sont deux versants de notre humanité, dans le rapport au corps, dans les dimensions sensuelles et sensibles, artistiques et même parfois politiques. De nos jours, peu de domaines ont cette amplitude-là. »

La décoration rassure la mode, elle l’ancre dans son époque de manière plus pérenne.

Pour Saint Laurent : « Les modes passent, le style est éternel. La mode est futile… le style pas. »

Avoir du style, that is the question… mais surtout avoir du cœur et de l’élégance : « Sans élégance de cœur, il n’y a pas d’élégance », aimait dire également Saint Laurent.

Alors soyez élégants sur vous, chez vous, mais surtout avec votre cœur !

Excellente lecture de ce numéro d’IDEAT et à très bientôt pour notre numéro spécial consacré aux IDEAT DESIGN AWARDS
(en mai) !

Bien à vous. 

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