Paint it black
Bois brûlé, goudron, lave taillée… En matière d’architecture, l’usage du noir peut répondre à des besoins utilitaires comme esthétiques. La rigueur de la maquette de ce beau livre rappelle avec justesse celle de la thématique (une grande photo légendée d’un texte décryptant le rôle du noir dans le bâtiment). Les cabanes de plage anglaises du XVIIIe siècle répondent aux gratte-ciel en verre de Mies van der Rohe, et l’incroyable Peacock Hill, à la fois inspirée de La Famille Adams et de Louise Bourgeois, voisine avec les fantaisies d’Odile Decq… Et finalement, c’est la mystérieuse puissance poétique du noir qui se dégage de ces pages.
L’architecture est un humanisme
Discrets, les architectes qui se cachent derrière l’acronyme SCAU ont toujours cultivé la modestie. Pourtant, ils sont à la tête d’une agence qui a produit des projets aussi importants que le Stade de France, le stade Vélodrome de Marseille ou l’aménagement du pont de Rouen. C’est avec le même souci d’effacement qu’ils ont fait appel au photographe Cyrille Weiner pour shooter leurs réalisations, où il est autant question de l’humain, du regard de l’usager et du contexte que du projet en lui-même… Sans compter le texte d’Aurélien Bellanger, monologue sur le métier d’architecte qui, à aucun moment, n’évoque l’agence…
Face à la mer…
Les maisons qui font face à l’eau et entrent en résonance avec l’univers aquatique sont résolument les plus spectaculaires par leurs vues, leur architecture, leur emplacement… Phaidon en a réuni un bel échantillon, sélectionné dans le monde entier. En bois, en béton, noyées dans la nature ou l’affrontant, ces réalisations ont en commun leurs immenses baies vitrées avec l’horizon comme seul point de fuite. Mais le mérite principal de ce livre est d’avoir su mettre en relief la qualité architecturale de ces bâtiments et de souligner le dialogue avec leur environnement dans des photos à couper le souffle.
Organique modernité
Parfois, dans le tissu urbain le plus sérieux, surviennent quelques surprises au bon goût de vacances : un mouvement sur la façade, un balcon un peu surdimensionné, un jeu de dissymétrie… L’immeuble de la rue Cortambert, à Paris (XVIe), est de celles-là. Il fut parmi les nombreux projets de Jean Balladur, l’auteur de La Grande-Motte. Les Éditions du patrimoine consacrent une monographie à l’architecte, qui a évolué du minimalisme le plus acharné à des formes organiques d’une rare sensualité.
Témoin de l’ère industrielle
À la frontière de l’abstraction, le célèbre photographe d’origine tchèque Josef Koudelka avait réalisé en France et dans le monde entier, entre 1986 et 2016, une série d’images pour témoigner de l’influence de l’homme sur la nature. Usines désaffectées, routes saignant des paysages désertiques, carrières d’extraction de matières premières… Ce témoignage en noir et blanc et en format panoramique porte un regard à la fois dramatique et poétique sur les constructions industrielles de l’homme.
La franchise de l’architecte
Sans faux-semblants ni fausse pudeur, Aldric Beckmann et Françoise N’Thépé se livrent sur les vicissitudes du métier d’architecte par la voix d’Éric Reinhardt, qui décrit tous les projets avortés de l’agence. Ensuite, ils racontent, au cours d’un entretien fleuve avec le critique Nikola Jankovic, leur parcours riche et ardu. Les images d’Olivier Amsellem viennent apaiser ces propos et révéler le travail de matières, de couleurs et de ruptures opéré par ce duo incontournable de l’architecture parisienne.