Dotée de deux ailes, sa silhouette dodue, organique, a la forme d’un coléoptère. Au cœur de l’aéroport JFK, le TWA Flight Center témoigne de l’âge d’or des jets et de la puissance des compagnies aériennes américaines dans les années 60. Dans son jus, intégralement signé Eero Saarinen, ce patrimoine majeur de New York et des États-Unis va reprendre du service. Le groupe immobilier et hôtelier MCR & Morse Development a injecté 265 millions de dollars pour l’inclure dans un complexe de luxe, le TWA Hotel, qui comprendra plus de 500 chambres d’hôtel, 40 salles de réunion, des boutiques, des bars, ainsi qu’un musée TWA et du design du milieu du XXe siècle. Un nouveau restaurant prendra place dans l’espace qui lui avait été assigné en 1962, de même que le lounge, aux tonalités chaudes. Livraison prévue en partie pour 2019, en intégralité dans trois ans.
Les équipes d’architectes chargées des nouvelles structures ou de restaurer l’existant sont déjà au chevet du bâtiment. Parmi celles-ci, INC Architecture & Design en duo avec Stonehill Taylor pour le design global, supervisés par Beyer Blinder Belle, qui veille à la préservation et à l’exécution. Adam Rolston, cofondateur d’INC Architecture & Design, est un grand fan du Flight Center : « Lors de son inauguration, c’était déjà une œuvre futuriste, extraordinaire par son ingénierie. Saarinen devait avoir un ordinateur dans la tête pour bâtir un pareil édifice, qu’il a aussi adouci d’une grande poésie. Son travail était intuitif à hauteur de 15 à 20 %. Le reste a été conçu de manière orthodoxe, presque germanique. C’était le début de l’aviation moderne, et ce maître a inventé les règles aéroportuaires actuelles, dont les tapis roulants, les premiers du genre. Il a cherché à offrir la plus belle expérience pour le passager à l’intérieur de l’ouvrage, pensé en volutes pour fluidifier la circulation et les mouvements de foule. Puis il a imaginé cette typologie en rouge et blanc qui irrigue si lisiblement l’ensemble. »
Eero Saarinen avait également fait appel à d’autres grandes signatures du design telles qu’Arne Jacobsen, Warren Platner, Raymond Loewy et Charles et Ray Eames pour dessiner fauteuils, sofas, lampes, tables, moquettes… Ces éléments restaurés pourront de nouveau être utilisés par les voyageurs. « Nous conservons le style et le mobilier d’origine en le complétant de chaises Tulip ou de lampes fifties. Notre cabinet travaille l’aspect chromatique et la lumière diffusée par le dôme de verre d’époque. Notre mission est aussi de revoir la sécurité et d’intégrer du design écologique », confie encore Adam Rolston. Le défi ? Éviter à tout prix l’écueil du pastiche.