C’est sur un tapis Andrée Putman que le musicien a passé son enfance. Malheureusement, une vilaine allergie aux acariens aura raison de cette pièce signée par la grande architecte d’intérieur française. Après avoir quitté le logis de ses parents à l’âge de 20 ans, Arthur Teboul « vadrouille sur les canapés des copains, puis vit en coloc ». Quand vient l’heure du départ en tournée avec son groupe, il n’a jamais vraiment pris le temps de se poser ni d’emménager… Il y a quelques mois, le musicien s’est enfin installé dans un appartement qu’il aura mis un an à mettre en forme, avec sa salle de bain habillée de céramique bleue de Tunisie, qu’il n’hésite pas à qualifier de pièce maîtresse de son logis.
Si l’artiste se présente comme un néophyte en matière de design, il apprend vite aux côtés de sa compagne décoratrice. Il envisage cette discipline comme une « idée humble et noble. J’aime l’idée que le beau soit en harmonie avec les usages des hommes. J’aime aussi la recherche sur les matériaux, les nouvelles techniques qui permettent d’alimenter une machine à fantasmer, à inventer tout un monde, qui peut être le récit d’un passé ou un d’un futur possible. » En attendant, voici ses trois objets préférés…
1/ Un lit de repos, époque Directoire
Arthur Teboul : « J’ai un super lit de repos, de style Directoire que j’ai trouvé avec ma compagne chez Emmaüs du côté de Fontainebleau il y a quelques années. C’était bien avant d’avoir notre appartement, nous l’avons donc stocké pendant quelques années dans un garage en attendant d’emménager. Je l’aime beaucoup parce qu’il est très large – encore plus qu’un canapé contemporain – et ultra confortable… Je l’apprécie aussi pour ses formes baroques, son tissu… En même temps, il est assez moderne parce que simple d’un point de vue ornementation avec ses rayures vert et crème. Quand nous l’avons acheté, nous n’avions pas de place où l’entreposer, mais nous l’avons trouvé si charmant et si singulier que ‘on a craqué. Deux ans plus tard, il a enfin atterri chez nous, où nous l’avons marié avec des pièces des années 1970. »
2) Un pied de lampe en barbotine
Arthur Teboul : « J’ai chiné cette barbotine pour l’anniversaire de ma compagne. J’ai cru que c’était une sculpture, alors qu’il s’agit en réalité d’un pied de lampe ! Il est décoré de fruits, de fleurs avec une forme pyramidale vert d’eau. Au départ, je ne comprenais pas pourquoi elle m’intéressait tant… Il y a dans la barbotine quelque chose de très sensuel. Les formes sont voluptueuses et charnelles. J’aime aussi l’idée que l’argile, une matière minérale, se transforme en fleur et en fruit. Nous n’avons toujours pas trouvé d’abat-jour. En attendant, elle fait office de bougeoir avec une bougie rouge fixée dans son pas de vis. »
3) Le stylo Bic medium bleu
Arthur Teboul : « Je possède toutes sortes de stylos, mais c’est celui-ci que je préfère. Pour sa forme, mais aussi pour sa simplicité. Et en plus, son histoire est belle… L’inventeur du stylo à bille, László József Biró, a eu cette idée en observant ses enfants en train de faire des bêtises. Il s’est rendu compte que l’encre des imprimeurs séchait plus vite que l’encre des stylos plume, et qu’en plus elle ne coulait pas. La question était de savoir comment la déposer. En voyant ses enfants jouer avec une balle qui laissait des traces de boue chez lui, il s’est rendu compte que ce système permettait de déposer une encre plus rugueuse. J’aime ce genre d’histoire, où l’homme se saisit de moments accidentels, plutôt désagréables, et s’en nourrit pour faire naître de très belles idées. Il y a aussi dans ce stylo quelque chose de très pur, de très simple, de léger. On le voit partout sans vraiment le voir, car il habite notre quotidien de manière harmonieuse. C’est la force de ces objets : ils réalisent une prouesse tellement puissante qu’ils deviennent une évidence. »