Selon la journaliste new-yorkaise Wendy Goodman, Muriel Brandolini est tout simplement un « génie ». Et elle n’est pas la seule de cet avis. « Il est difficile de trouver une cause rationnelle à l’excellence, avance la créatrice de tapis, Federica Tondato, mais dans le cas de Muriel, je pense que c’est une question de talent inné, couplé à un instinct qui ne redoute rien. » Peu de décorateurs font preuve d’autant d’audace, d’élégance et de brio.
Le résultat ? Des intérieurs toujours exaltants et époustouflants. « Muriel crée des décors qui sont forts et délicats à la fois, raconte son ami le designer français Hervé Van der Straeten. Ils ont beau être très sophistiqués, on s’y sent immédiatement à l’aise. » L’intéressée a elle-même du mal à définir son style. « Mon travail n’obéit pas à une série de règles » insiste-t-elle.
« Lorsque j’imagine une pièce, je ne me limite pas à ce qui pourrait être pratique ou même possible. Mon seul but est de la rendre belle.» Muriel Brandolini
Le don de cette créatrice pour le mélange vient sûrement de son enfance passée entre plusieurs cultures. Née à Montpellier d’un père vietnamien et d’une mère franco-vénézuélienne, Muriel Brandolini a été élevée entre le Vietnam, la Martinique et Paris. Elle a une vingtaine d’années lorsqu’elle débarque à New York avec deux valises et se retrouve rapidement à travailler pour Vogue Italia et le photographe David Seidner.
Elle qualifie toujours ses débuts dans la décoration d’« accidentels ». Sa carrière a été lancée à la suite de la publication d’articles sur son propre appartement dans pas moins de onze revues en douze mois. Aujourd’hui encore, elle revendique avec fierté son manque de formation académique. « Cela m’a permis une certaine liberté pour rêver et oser », suggère-t-elle.
Son style est aisément reconnaissable. Elle a un faible pour les rideaux en patchwork, déteste le papier peint qui, selon elle, n’apporte pas suffisamment de chaleur à une pièce et intègre souvent de la broderie fine. Pour la salle à manger d’un appartement situé à Manhattan, une soixantaine d’artisans vietnamiens ont passé cinq mois à créer des panneaux décorés d’un paysage avec des arbres, des papillons et une rivière sinueuse.
Elle a l’art de juxtaposer des pièces de mobilier d’époques très variées. On y trouve souvent des créations contemporaines de designers comme Martin Szekely ou Pierre Charpin, et des touches coloniales (un lit de repos indien, un coffre de mariage chinois, une lanterne vietnamienne…).
Mais son génie provient avant tout d’une utilisation prodigieuse de la couleur. Dans sa propre maison de week-end, on compte pas moins de 23 teintes différentes ! Ses intérieurs intrépides vont de pair avec une personnalité puissante, jugée même parfois un peu trop directe !
Parmi ceux qui apprécient son travail, on peut citer des clients tels que le prince et la princesse Paul de Grèce et certains membres de la famille Getty. Des rencontres que Muriel Brandolini analyse et valorise à la manière d’une artiste peintre, d’où un goût prononcé pour les projets résidentiels : « Ce que j’aime avant tout, c’est de créer un portrait de chacun de mes clients à travers un intérieur unique. »