Eli Lotar et la modernité
« Eli Lotar (1905-1969) ». Au Jeu de Paume, à Paris, jusqu’au 28 mai.
Photographe et cinéaste, Eli Lotar (1905-1969), d’origine roumaine, s’est rapidement affranchi des pionniers de la photographie des années 20 qu’étaient André Kertész, Man Ray et Germaine Krull pour développer sa pratique autour du paysage urbain et industriel de Paris. C’est un florilège de tirages d’époque que l’on découvre pour cette première rétrospective consacrée à celui qui rendra compte de la créativité débordante des années 30 au travers de portraits d’artistes et de films. Son engagement social et politique dévoile une personnalité généreuse et toujours en éveil. B.A.
Portrait de collectionneur
« 21 rue La Boétie ». Au musée Maillol, à Paris, jusqu’au 23 juillet.
Soixante chefs-d’œuvre pour raconter le destin d’un collectionneur, Paul Rosenberg (1881-1959), et, à travers lui, l’émergence de l’art moderne, la Seconde Guerre mondiale et le déplacement du marché de l’art de Paris vers New York. Inspirée du livre 21 rue La Boétie (Grasset), rédigé par Anne Sinclair, petite-fille de cet amateur éclairé, l’exposition mêle habilement l’histoire et l’histoire de l’art. Et révèle l’œil aiguisé de Paul Rosenberg, ami de Matisse et de Picasso, auxquels il confiait : « Je ne suis qu’un intermédiaire, vous êtes les créateurs. » Mais quel intermédiaire ! S.S.
Obscurs objets du désir
« Objects ». À la Galerie Thaddaeus Ropac, à Paris, jusqu’au 29 avril.
C’est un plaisir des yeux de découvrir les œuvres de jeunesse de Robert Mapplethorpe. Si l’artiste américain, disparu en 1989, n’a eu de cesse de sculpter les corps à travers son objectif à la recherche de la forme parfaite, les objets l’ont toujours fasciné. De 1963 à 1969, il va étudier la peinture et la sculpture au Pratt Institute de Brooklyn, où il produira de nombreux dessins et collages incluant des objets en trois dimensions. Chez lui, le goût du détail reflète un désir de perfection. L’élément découpé est l’objet d’une mise en scène attentionnée et devient une forme purement plastique. B.A.
Schnabel hindou
« Julian Schnabel. Shiva Paintings ». À la Galerie Templon à Paris, du 11 mars au 13 mai.
En 1978, avec ses Plate Paintings, Julian Schnabel devient l’un des fondateurs du mouvement néo-expressionniste new-yorkais, aux côtés de Basquiat et de Keith Haring. L’artiste multidisciplinaire, primé pour ses films Avant la nuit et Le Scaphandre et le Papillon, se définit pourtant avant tout par la peinture. La Galerie Templon présente sa série « Shiva Paintings », réalisée entre 2007 et 2010, avec comme toile de fond l’imagerie du dieu hindou. Son intervention sur cette représentation ancestrale engage une conversation entre renouveau de la culture occidentale et traditions orientales. R.P.
Olga la muse
« Olga Picasso ». Au musée national Picasso à Paris, du 21 mars au 3 septembre.
Quand Olga Khokhlova rencontre Pablo Picasso, en 1917, elle est l’une des danseuses des ballets russes qui, à l’époque, enchantent le Tout-Paris. Elle a 26 ans, et lui, dix de plus. Très vite, Olga, qu’il a épousée, devient son modèle attitré. Installé dans un duplex rue La Boétie, l’artiste abandonne alors la déstructuration cubiste pour une ligne plus classique. Cette période faste, de 1917 à 1935, au cours de laquelle Picasso réalise quelques-unes de ses œuvres majeures, est retracée en 350 œuvres, peintures et dessins, archives écrites et photographiques inédites. S.S.
Ann Veronica Janssens en immersion
« Ann Veronica Janssens ». À l’Institut d’art contemporain, à Villeurbanne (69), du 24 mars au 7 mai.
En 2013 au Grand Palais, dans le cadre de l’exposition « Dynamo », Ann Veronica Janssens présentait une installation dans laquelle le visiteur s’immergeait dans un brouillard coloré. Pour cette nouvelle exposition, l’artiste belge investit l’ensemble des espaces de l’Institut d’art contemporain, à Villeurbanne. Elle y expose une trentaine d’œuvres qui résument plus de deux décennies (1991-2017) de recherches menées pour nous confronter à la perception de l’« insaisissable », à travers la couleur et la lumière. Et ainsi nous faire vivre une expérience de perte de contrôle de nos sens. S.S.
Le printemps du Mois
Le Mois de la photo du Grand Paris. Dans 31 communes du Grand Paris, en avril.
Changement de dates et de lieux pour le Mois de la photo, qui s’étend désormais au Grand Paris. Au total, 90 expositions, visibles de Saint-Denis à Clichy-sous-Bois et de Poissy jusqu’à Clairefontaine-en-Yvelines, soit 31 communes, dont Paris bien sûr. Au programme, Bruno Boudjelal à Montreuil, Gilles Elie-Dit-Cosaque à Pantin, Jürgen Nefzger à Nogent-sur-Marne, mais aussi Véronique Ellena à Châtenay-Malabry et Sophie Ristelhueber à Vanves. Ultimes nouveautés, les Week-ends intenses permettront de rencontrer photographes et commissaires le temps du vernissage. B.A.
Sur la route
« Autophoto ». À la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris, du 19 avril au 30 août.
Dès son apparition, l’automobile a bouleversé l’idée du déplacement et du voyage. Source d’inspiration pour les photographes, avec son essor mondial, ses axes de circulation tentaculaires et ses problématiques environnementales, elle fascine toujours. L’exposition « Autophoto » retrace un siècle d’histoire de la création photographique avec les premiers tirages de Lartigue ou les noir et blanc graphiques de Lee Friedlander. Un parcours qui réunit plus de 80 photographes, construit sous forme de grandes séries, où rétroviseurs et carrosseries luisantes sont prétextes à de belles histoires. B.A.
La culture US par Walker Evans
« Walker Evans ». Au Centre Pompidou, à Paris, du 26 avril au 14 août.
Encore une très belle rétrospective, consacrée à l’œuvre du photographe américain Walker Evans (1903-1975). C’est lui qui a contribué à définir la visibilité de la culture américaine par la manière unique qu’il avait de traquer la typographie d’une enseigne, la devanture d’un petit commerce ou bien celle d’une maison dans l’Amérique en crise des années 30. Ce style documentaire immédiatement reconnaissable par l’attention qu’Evans portait aux détails du quotidien et de la banalité urbaine a influencé des générations de photographes. Une plongée au cœur de clichés devenus, pour certains, de pures icônes. B.A.
Xavier Veilhan en musique
« Studio Venezia ». À la 57e Biennale d’art de Venise, du 13 mai au 26 novembre.
Deux ans après Céleste Boursier-Mougenot, Xavier Veilhan a la lourde tâche de représenter la France lors de la 57e Biennale d’art de Venise. S’emparant du mot d’ordre « Viva Arte Viva », lancé par Christine Macel, conservatrice en chef au musée national d’Art moderne-Centre Pompidou, promue commissaire générale de cette édition, le plasticien a décidé de transformer le Pavillon français en studio d’enregistrement. Le visiteur y assistera en direct au processus de fabrication de musiques créées par des professionnels issus de l’univers du classique, de la pop ou de l’expérimental. S.S.
Les vies solitaires de Crewdson
« Gregory Crewdson ». Au FRAC Auvergne, à Clermont-Ferrand (63), du 20 mai au 17 septembre.
Pour sa première rétrospective dans une institution française, le photographe américain Gregory Crewdson a choisi plusieurs séries qui ont fait sa renommée. Espacées de plusieurs années, composées en studio ou en décors naturels, elles abordent souvent les questions de la solitude et de l’attente, dans des séries en couleurs qui ont nécessité des moyens techniques et humains impressionnants. C’est finalement la dimension cinématographique qui nous séduit dans ces compositions où l’homme semble perdu dans des univers lynchiens et figé dans des postures singulières. B.A.
Léger, bien dans son temps
« Fernand Léger, le Beau est partout ». Au Centre Pompidou-Metz, du 20 mai au 30 octobre.
La vitesse, la couleur, la profusion de sensations… Fernand Léger (1881-1955) incarne le peintre des mutations de son époque. Cette rétrospective brosse le portrait d’un artiste engagé et fasciné par son temps, dont l’œuvre dialogue avec la poésie, le cinéma, l’architecture et le spectacle. Fidèle à sa maxime « le Beau est partout », il s’inspire de la ville, en transpose les couleurs dans ses toiles et s’affranchit du cadre. L’exposition évoque aussi ses multiples collaborations artistiques avec les Fratellini, Le Corbusier, Charlotte Perriand ou Blaise Cendrars. S.S.
Tout Robert Rauschenberg
« Robert Rauschenberg: Among Friends ». Au MoMA, à New York, du 21 mai au 17 septembre.
Cette première exposition posthume de l’artiste plasticien américain Robert Rauschenberg (1925-2008), l’un des pionniers du pop art, est aussi la plus complète. Des « White Paintings » et autres « combinaisons » des années 50 jusqu’à ses derniers collages, cette rétrospective balaie, en plus de 250 œuvres, six décennies d’une carrière qui mêle peinture, sculpture, photographie, scénographie… et happenings. Car, fidèle à l’enseignement libre et avant-gardiste qu’il avait reçu au Black Mountain College d’Ashville, en Caroline du Nord, le plasticien estimait que l’art était indissociable de la vie. S.S.
Les copains d’abord
« Derain, Balthus, Giacometti. Une amitié artistique ». Au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, du 2 juin au 29 octobre.
Il faut 200 œuvres pour raconter l’amitié qui unit, dès 1933, Derain, Balthus et Giacometti, trois géants de l’art moderne ; 200 œuvres qui révèlent les liens entre leur vie et leur travail. Bien au-delà d’une admiration réciproque et d’une véritable affection, une profonde communauté esthétique rapproche ce trio qui partage l’envie de s’affranchir des codes de représentation, des styles et des techniques. Un parcours chronologique, ponctué de paysages, de natures mortes et de portraits (acteurs, collectionneurs, amis, galeristes), présente ces destins croisés. S.S.
Cézanne au portrait
« Portraits de Cézanne ». Au musée d’Orsay, à Paris, du 13 juin au 24 septembre.
La Montagne Sainte-Victoire, Les Grandes Baigneuses, Les Joueurs de cartes : à chacun son Cézanne, celui des paysages, des nus ou des scènes de genre. Mais seule la pratique du portrait, à laquelle il s’est plié toute sa vie – il en peignit près de 200, dont 26 autoportraits et 29 représentant son épouse –, met en lumière les particularités esthétiques de son œuvre. Car, en dépit de sa proximité avec Monet, Renoir ou Pissarro, Cézanne n’a pas participé au mouvement impressionniste. Le musée d’Orsay en présente une sélection, réalisés entre 1860 et 1906 par cet autodidacte qui déclarait : « L’aboutissement de l’art, c’est la figure. » S.S.
David Hockney en liberté
« David Hockney ». Au Centre Pompidou, à Paris, du 21 juin au 23 octobre.
Né en 1937 à Bradford, au Royaume-Uni, David Hockney fêtera prochainement ses 80 ans. Lui qui affirme que « la création artistique est un acte de partage » célébrera son anniversaire à Paris en présentant plus de 200 peintures, dessins, gravures, photographies, vidéos… Des réalisations de jeunesse, qui témoignent de l’influence du réalisme social sur son œuvre puis de son admiration pour Dubuffet, Bacon et Picasso, jusqu’à celles créées avec un iPad, cette rétrospective retrace l’ensemble du parcours de David Hockney. Un artiste dont le nom reste définitivement attaché à cette Californie hédoniste et solaire qu’il découvre dans les années 60 et immortalise dans sa série des piscines. S.S.
Bacon et Nauman en tête à tête
« Francis Bacon/Bruce Nauman – Face à face ». Au musée Fabre, à Montpellier, du 1er juillet au 5 novembre.
A priori, rien ne permet de rapprocher l’expressionnisme du Britannique Francis Bacon (1909-1992) du minimalisme de l’Américain Bruce Nauman (né en 1941). Non seulement une génération et un océan les séparent, mais le premier privilégie la peinture tandis que son cadet préfère la sculpture, la vidéo, le néon ou la performance. Cependant, lorsque Nauman déclare à propos de son art : « Je veux qu’il soit véhément et agressif, parce que cela oblige les gens à y prêter attention », il semble exprimer la même fascination que Bacon pour le corps, ses déformations, ses transformations. Au musée Fabre de Montpellier, une soixantaine d’œuvres permettra de confronter le parcours de ces deux artistes. S.S.
Basquiat toujours à l’avant-garde
« Basquiat: Boom for Real ». Au Barbican, Art Gallery, à Londres, du 21 septembre 2017 au 28 janvier 2018.
Des premiers graffitis signés SAMO© et tagués dans les rues de SoHo, le quartier des galeries à New York, en 1978, aux œuvres ultimes créées dix ans plus tard, cette exposition – la première de cette envergure au Royaume-Uni – décrypte l’influence de la musique mais aussi de la littérature, du cinéma et de la télévision sur l’œuvre de Jean-Michel Basquiat (1960-1988). Parmi la centaine d’œuvres sélectionnées pour résumer sa carrière fulgurante, le Barbican a reconstitué partiellement l’exposition « New York, New Wave », organisée en 1981 au P.S.1, lieu alternatif consacré à l’art contemporain (devenu MoMA PS1), qui révéla le futur « Radiant Child ». S.S.