Quel a été votre parcours ?
Olympe Zographos : J’ai fait mes études à l’École de Design de l’UQAM (l’Université du Québec à Montréal) pendant quatre ans. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai travaillé directement pour un architecte qui faisait de la promotion immobilière. Puis je suis partie à Paris et je suis revenue à Marseille, ma ville natale, pour m’installer à mon compte. Il y a deux ans, je me suis entourée de collaborateurs d’horizons différents et j’ai monté Olympe Lab car j’avais envie de proposer aux clients une nouvelle façon de travailler.
Quelle est votre approche de l’architecture et du design ?
Mon approche est fondée avant tout sur l’écoute ! Avant de partir étudier le design au Canada, j’ai passé une maîtrise en psychologie. Cette formation me sert énormément car architecture et psychologie sont très complémentaires. J’arrive rapidement à cerner les besoins précis de mes clients, à les lister. Le style, le design viennent après ; l’utilité de l’objet ou du lieu est primordiale et se définit en amont dans le programme.
Vous parlez de votre agence comme d’un laboratoire. Pourquoi ?
J’ai toujours envisagé mon métier de manière expérimentale. Mon bureau est une centrifugeuse créative. Avec mes quatre collaborateurs, nous confrontons nos idées, nos approches. Nous sommes en émulation constante, en recherche permanente de matériaux, de mobilier, d’aménagement intérieur et extérieur, de conception d’espaces…
Vous faites plus de projets professionnels que privés. Pourquoi ?
J’aime sortir de ma zone de confort et les projets professionnels génèrent plus de challenges. Les contraintes sont plus importantes, les délais sont raccourcis, les clients plus exigeants. Cela nous oblige à faire preuve d’une grande créativité. Nous allons plus loin dans nos recherches sur le design, sur le mobilier, sur les matières… Nous nous permettons aussi plus d’originalité, plus de liberté, plus d’audace.
On vous doit la conception de toutes les boutiques Lulli depuis trois ans. Lyon, Sanary, Marseille, Aix-en-Provence récemment puis, en cours, une nouvelle boutique à Marseille. Cela ne vous lasse pas ?
Non, au contraire, car chaque boutique possède son univers, son identité, avec sa sélection de matériaux en fonction de sa situation géographique, son combo d’artisans. Multiplier les projets pour le même client installe une confiance réciproque et profonde. Je peux me permettre d’exprimer pleinement ma sensibilité et d’expérimenter pléthore de matériaux, une aubaine pour moi qui adore ça ! La toute dernière boutique, située à Aix-en-Provence, met l’accent sur le côté précieux du noyer. C’est un écrin urbain raffiné, esprit hôtel particulier, qui se ponctue d’ilots de vitrines façon boîtes à bijoux et d’un puits de lumière central planté de bananiers. Tandis que celle de Sanary, avec son plafond tressé en bois clair, évoque les vacances et joue sur l’osier, les tons sable, la lumière de l’été. Quant au nouveau concept-store en cours, qui ouvrira prochainement rue Francis-Davso à Marseille, je retravaille, avec des spécialistes, les tuiles en terre cuite, mais également en terre crue. Un matériau traditionnel qui me passionne complètement pour lequel j’ai entrepris de nombreuses recherches.
Qu’est ce qui vous anime dans votre métier ?
M’occuper d’un projet dans sa globalité afin de créer une identité. C’est ce que nous avons fait récemment pour le Misincu, un hôtel de luxe situé dans le Cap Corse, pensé intégralement du mobilier au jardin, en passant par la vaisselle. Nous avons pu raconter une histoire, donner un véritable esprit chaleureux et contemporain à l’hôtel tout en n’oubliant jamais que le lieu reste à vivre avant tout. Une aventure complexe, avec un timing serré, mais créativement grisante !
Quels sont vos prochains projets ?
Le premier est à Forcalquier, un cinq-étoiles élégant, simple, façon bergerie authentique pour lequel je m’entoure d’artisans locaux qui taillent la pierre sèche. Mais je planche aussi sur une ancienne imprimerie marseillaise transformée en huit appartements… J’ai déjà des idées : utiliser les anciens meubles d’imprimeurs pour aménager les cuisines et, pour les vasques, réviser les piles en pierre de Cassis. Il y a aussi de nouvelles boutiques que je ne peux encore citer mais qui raviront les modeuses !
Quel est votre rêve ?
Avoir en plus d’un laboratoire, un atelier ! J’aimerais produire de l’objet, créer et éditer ma propre ligne de mobilier… Un rêve qui deviendra un jour « matière » !
> Olympe Lab. 17, rue Venture, 13001 Marseille.