Carolina, la fille de Consuelo et de Gianni, qui était chargée de tous les projets spéciaux, réfutait d’ailleurs ouvertement toute ambition de vouloir investir le territoire du design pur et dur : « Il ne s’agit absolument pas d’une extension de gamme, mais d’une démarche caritative. Notre seul métier est la mode, pas le design. Tout a commencé à Noël 2006 avec une opération qui consistait à imprimer des dessins d’enfants sur des étiquettes, puis sur des t-shirts, pour soutenir diverses associations d’aide à l’enfance. Nous avons poursuivi depuis avec d’autres projets qui ont cependant deux dénominateurs communs : un, ils nous plaisent et nous ressemblent ; deux, ils nous permettent de faire des dons à des ONG qui œuvrent pour les enfants en difficulté. »
Depuis 2013, c’est le showroom de la marque, installé dans une ancienne discothèque de l’avenue Umbria, à Milan, qui accueille les happenings les plus courus du Fuorisalone, le off du Salon de Milan. Cette même année, la deuxième édition de la collection de 100 chaises y était présentée au milieu d’une armée de petits objets en forme de robots amicaux fabriqués à partir de déchets industriels, les « Abi-tanti » – un projet développé en partenariat avec le musée d’Art contemporain du château de Rivoli à Turin. Les collections suivantes (« Animal House », en 2014, et « Mercado de Paloquemao », en 2015) ont été plus tournées vers l’objet avec, probablement en filigrane, la volonté de rendre ces séries limitées plus accessibles côté prix. L’éthique encore. Et toujours infusée dans la joie de vivre et l’élégance mêlées.
En avril 2016, le vaste espace aux murs de béton brut du showroom a même été transformé en salle de bal, le Marni Ballhaus. « Nous voulions impérativement continuer à proposer des événements ouverts au public, explique Carolina. D’où, à côté des nouvelles propositions de meubles en série limitée, ces leçons de cumbia, une danse colombienne avec des racines africaines qui nécessite de porter des jupes très amples. Nous en avons fabriqué tout spécialement avec des tissus provenant de nos archives et les avons mises à la disposition des amateurs, le temps d’une danse. » Le résultat ? Entre réunion de famille et spectacle de fin d’année ! Les yeux brillants, Consuelo regardait la fille de Carolina faire virevolter sa jupe au rythme de la cumbia, ses autres petits-enfants étant juchés sur les épaules de son mari. Un happening à des années-lumière des classiques chassés-croisés entre mode, luxe, design et autres vernissages pour happy few. Une manifestation de la belle singularité qu’avait su créer Consuelo.
Après le marché aux fruits et le bal, Marni proposera cette année une installation tournée vers le jeu dans son espace de la Via Umbria. « Marni Playland » mettra côte à côte des jouets et du mobilier, que des objets réalisés par la coopérative de femmes colombiennes soutenue par Marni, qui travaille le fil de PVC.
* Le groupe OTB (Only the Brave) de Renzo Rosso (fondateur et président de Diesel) a acquis, en 2015, 100 % du capital de Marni, la marque conservant jusqu’au départ des Castiglioni l’esprit indépendant qui a fait sa réputation. Gianni, le mari de Consuelo, présidait le groupe Marni. Leur fille, Carolina, développait les projets spéciaux, notamment les séries limitées design.