Théâtre privilégié de la mode madrilène, la Calle Serrano accueille depuis peu la dernière boutique Malabala. Spécialisée dans le cuir, la marque au design et à la fabrication 100 % espagnole vient de s’offrir un écrin de 160 m2, empreint d’artisanat et de matériaux naturels, comme une incarnation de ses accessoires de mode.
Depuis 2010, Ana Carrasco and Jaime Lara, ses fondateurs, défendent une vision de la beauté à l’état brut, un charme sans artifice aujourd’hui transposé à l’échelle de l’architecture dans un mariage de matières nobles et rustiques. A commencer par le cuir, notamment celui de la collection de bijoux « Métrica », ici transformé en voilage pour dessiner le relief d’une paroi déjà habitée par un comptoir en terrazzo. Un bloc aussi massif qu’aérien, rehaussé par une fine lame de laiton et une roche calcaire, extraite dans les environs de Séville.
Aux murs, l’argile de Galice, parfois mélangée à une poudre de marbre blanc, évoque autant le lien avec la nature que l’éthique locale prônée par la marque à travers ses produits. Un hommage à la Terre et aux paysages ibériques, renforcé par son application en couches épaisses dans une alcôve du magasin. Presque grossière, sa texture répond à la préciosité du métal vieilli et des cristaux d’agathe qui soulignent le mobilier modulaire, en référence à la ligne de sacs à mains et collier Minihontas.
Manufacturées par des artisans de Tolède, des briques dessinent le motif aléatoire d’un claustra devant les nouvelles vitrines, élargies pour faire pénétrer la frénésie de la rue à l’intérieur du sixième magasin de la marque, qui lui sert d’ailleurs de nouveau siège social. Une raison de plus pour s’offrir les services de l’architecte Matteo Ferrari et du studio Ciszak Dalmas, qui se sont fait une réputation avec des projets pour Loewe, Camper ou Bitossi.