En 2018, la Française Ambre Jarno a fondé Maison Intègre. Sis à Ouagadougou, le label fait le pari du bronze et collabore avec des artisans locaux.
Célébrer l’artisanat burkinabé
2012, Burkina Faso. Ambre Jarno s’installe dans ce pays pour promouvoir une chaîne de télévision française. « J’avais un goût, une sensibilité pour la culture de l’objet mais aucune formation en la matière» se rappelle-t-elle. La jeune Française de 24 ans se met alors au dessin pour imaginer du mobilier pour sa maison puis le concevoir aux côtés d’artisans locaux. « C’est comme ça que j’ai eu mes premiers contacts avec le savoir-faire burkinabé il y a dix ans. C’était par pur hasard, mais aussi par curiosité et envie (…) j’ai appris un nouveau métier.»
L’éditrice en herbe se frotte aussi à l’art africain : « J’ai commencé à aiguiser mon oeil et ai appris des différentes ethnies au fil de mes rencontres, auprès de différents antiquaires». Elle découvre alors une pratique phare de l’artisanat du pays : la technique du bronze à la cire perdue. « Chaque pièce est sculptée dans de la cire naturelle. Une fois la forme parfaite trouvée, celle-ci est recouverte d’un moule fait d’argile et de crottin de cheval, équipé de canaux de coulées. Ils vont permettre d’extraire la cire fondue car l’ensemble va être mis au feu, pour ne garder que le moule grillé et vide. C’est par ces mêmes canaux que l’on verse le bronze, qui va épouser la forme initiale. On va alors casser notre moule et découvrir notre objet.»
Du mobilier inspiré du folklore local
C’est ainsi que naissent toutes les pièces sculpturales et éclatantes de Maison Intègre, lancée en 2017. « L’objectif de ce projet est de perpétuer ce savoir-faire» souligne-t-elle, mais aussi de l’embarquer dans une autre dimension. Auparavant les artisans faisaient de petits objets pour les touristes, inspirés du folklore local. « Mon idée est de proposer de nouvelles opportunités économiques à travers des pièces totalement différentes par rapport à celles qu’ils concevaient auparavant, et ainsi, leur donner accès à de nouveaux marchés.»
Pour donner corps à son idée, Ambre Jarno s’est entourée de designers, qui comme elle, ont un lien avec l’Afrique. « Pia Chevalier, avec qui j’ai fait les bougeoirs “Bande de Lobi”, avait fait tout un mémoire à sa sortie de l’école Boulle sur les fétiches, notamment du Bénin, mais aussi du Burkina. Elle était très curieuse du projet et je l’ai nourrie avec les objets que j’avais collectionnés.»
La designer s’est inspirée de l’ethnie Lobi, connue pour ses lance-pierre et ses flûtes, dont les silhouettes donnent vie à la collection de bougeoirs. Il en va de même pour Brendan Ravenhill, à qui l’on doit le luminaire “Echo Lamp”, né en Côte d’Ivoire et grand connaisseur du continent et François Champsaur, derrière l’incroyable “Adé”. Ce siège rutilant associe les formes de l’assise d’un tabouret Sénoufo et le pied de la partie centrale d’un tabouret Ashanti.
Pour ce qui est du précieux alliage qu’est le bronze, nécessaire à ces créations majestueuses, l’équipe de Maison Intègre utilise uniquement du bronze recyclé. « En ce moment nous travaillons avec la société de gaz du Burkina, en récupérant des petites molettes qui sont dans des systèmes de bonbonnes de gaz». Une démarche responsable intrinsèque à la maison d’édition et évidente pour Ambre Jarno. Le nom Maison Intègre est d’ailleurs un clin d’œil à celui du Burkina Faso qui signifie « Pays des hommes intègres ».
> Maison Intègre, pour plus d’informations, rendez-vous sur son site.