Dans sa maison-atelier, un ancien entrepôt qu’il a réaménagé, Leonardo Anker Vandal exprime son intérêt pour l’art en général, et pour l’art brut en particulier. Il s’est entouré d’œuvres, de mobilier et d’objets au caractère authentique qui lui apportent une grande sérénité.
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Sanctuaire artistique
Au nord de l’Italie, à Brescia, un ancien entrepôt d’une usine de textiles puis de verre est devenu la demeure et l’atelier du plasticien danois Leonardo Anker Vandal. Lorsqu’il arrive dans les lieux voilà sept ans, plus rien ne tient debout. Lui-même, à 30 ans, tente de se reconstruire après les traumatismes d’une enfance chahutée de foyers en familles d’accueil. Ici, il va pouvoir se consacrer à l’art. « Mon premier amour était la danse, mais ce rêve m’a été refusé à l’adolescence, comme le piano ou toute autre activité artistique », regrette-t-il.
Jeune adulte, il a vécu à Copenhague puis à Paris où il a fait du théâtre avant que la peinture ne s’impose à lui. En 2017, il a été le premier artiste invité à la résidence du Palazzo Monti, à Brescia. Il décide de s’installer dans la ville après avoir découvert ce bâtiment de 350 m2 .













« J’ai beaucoup appris en créant mon studio et ma maison, car j’ai tout fait moi-même. J’ai coulé la dalle en béton, monté des murs, conçu les éclairages et presque tous les meubles. Quand des amis viennent chez moi, ils y voient comme une sorte de sanctuaire qui serait une extension de mon travail artistique », analyse-t-il.
Tout ce qu’il ne fabrique pas, Leonardo Anker Vandal le chine sur les marchés quand il ne le trouve pas dans les rues, à vélo, toujours flanqué de Nemorino, son fidèle border collie. Pour l’anecdote, un jour, lors d’une excursion dans une carrière de la région, il récupéra un lavabo du XVIIe siècle en marbre Botticino, une belle pierre beige clair, qui trône maintenant dans sa chambre.
Beaucoup d’œuvres d’art ponctuent son atelier. L’artiste y voit l’expression plus ou moins consciente de ses douleurs passées. Ses toiles à dominante terre de Sienne font partie de ses emblématiques séries de paysages baptisées « Adagio ». Elles s’apparentent à celles des peintres chinois de la dynastie Song (960-1279) dont les représentations de montagnes tenaient davantage de l’abstraction que de la réalité.
L’ambiance du lieu a quelque chose de romantique comme la musique de Gustav Malher, le compositeur préféré de Leonardo Anker Vandal. L’installation As Plunging Into the Tears of Our Ancestors (2016) se compose d’un grand drap de soie crème suspendu, enveloppant deux demi-sphères de fer soudées l’une à l’autre.
« J’ai toujours trouvé fascinant qu’une matière aussi belle que la soie, issue de milliers de cocons fabriqués par des chenilles, puisse porter autant de poids », évoque-t-il. Sur le mur opposé, derrière une table de boulanger du XIXe siècle, des bustes sans visage de la série « It Would Be Nice to See the Moon a Little More Often », sculptés par l’artiste, attirent l’attention.
Une prédilection pour l’art brut
À côté de ces sculptures, des créations de sa collection « For Marie », réalisées à partir de chutes de toile provenant de ses tableaux, sont directement inspirées de celles d’une femme internée dans un asile psychiatrique au XIXe siècle. Chaque nuit, elle déchirait ses draps et les façonnait. La prédilection pour l’authentique et le naturel montre le grand intérêt de l’artiste pour l’art brut.
« Mon espoir est d’être considéré comme faisant partie de ce mouvement. Ce qui m’attire le plus, ce sont les gens qui ont choisi l’art pour survivre. Je trouve que leur travail est l’expression la plus pure. »
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