Madrid : les bonnes adresses d’Eva Albarrán et Christian Bourdais

Parisiens de longue date, l’Espagnole Eva Albarrán et le Français Christian Bourdais ont décidé il y a quatre ans de vivre entre Paris et Madrid.

Dans la capitale espagnole, Eva Albarrán et Christian Bourdais ont ouvert une galerie qui conjugue leurs passions, même si chacun mène parallèlement d’autres activités : une société d’accompagnement de projets artistiques et culturels pour elle et, pour lui, une ambitieuse collection architecturale (les Solo Houses) qu’il développe avec une quinzaine d’architectes (Pezo von Ellrichshausen, Office KGDVS, Tatiana Bilbao, Smiljan Radic…) aux frontières de la Catalogne et de l’Aragon.


IDEAT : Votre quartier préféré à Madrid ?

Le périmètre autour de la Calle de Barquillo, dans le vieux quartier du Centro, riche en bâtiments historiques dans lesquels la plupart des galeries d’art de la ville se sont installées. Nous avons réussi à trouver un lieu incroyable de 800 m2 où nous allons déménager notre espace d’exposition en mai prochain, avec l’aide de l’architecte Iñaki Ábalos. Ce sera la plus grande galerie de Madrid.

Le bâtiment historique le plus emblématique ?

Les tours brutalistes de l’architecte Francisco Javier Sáenz de Oíza : Las Torres Blancas, qui sont excentrées. Un peu comme si vous deviez vous rendre porte d’Orléans pour voir cet ensemble, qui vaut vraiment la peine. Le meilleur moyen est sans doute de prendre un bus depuis l’aéroport.

L’architecte le plus présent dans la cité ?

Il s’agit d’un architecte madrilène qui a pour ainsi dire construit la moitié de la ville, mais qui ne s’est jamais exporté, sans doute à cause du régime de Franco. Il est un peu oublié aujourd’hui et pourtant Luis Gutiérrez Soto est l’auteur de quelque 650 œuvres, rien qu’à Madrid, dont l’immeuble où nous habitons. Sa démarche est très intéressante, notamment du point de vue des techniques de construction.

Un projet architectural du XXIe siècle ?

Une pépite inconnue : la zapatería (boutique de chaussures), de Francisco Alonso, dans le quartier de Salamanca. Cette enseigne n’a jamais vraiment été ouverte jusqu’à ce que l’école d’architecture de Tolède l’utilise pour des expositions. Dès l’entrée, on découvre une surprenante composition en marbre et en pierre, qui laisse deviner l’agencement de l’espace.

Comment vous déplacez-vous à Madrid ?

Comme à Paris, avec un skateboard électrique. Et Eva, à vélo.

Un restaurant à recommander ?

Le restaurant La Castela 2, le petit frère de La Castela. C’est un peu moins formel, mais tout aussi délicieux. Je pourrais citer d’autres adresses comme Sala de Despiece, spécialisée dans la viande, ou, plus simplement, une petite table de quartier. À Madrid, l’habitude de cuisiner les produits de saison est toujours à l’ordre du jour. D’une manière générale, on y mange bien.

L’une de vos connaissances typiquement madrilènes ?

Le photographe Alberto García-Alix, qui a vécu toute la Movida et l’a photographiée de l’intérieur. Un personnage haut en couleur totalement à l’image de cette génération de Madrilènes de l’après-Franco et, surtout, un très bon ami.

Un endroit à visiter absolument pour son architecture ?

Le musée du Prado, forcément ! Incroyable !

Où donner un rendez-vous ?

Au Café comercial, sur la place de la Glorieta-de-Bilbao. C’est l’un des plus vieux cafés de Madrid. Un lieu intemporel où toutes les générations et toutes les classes sociales peuvent se rencontrer.

Quelle est la meilleure période de l’année pour découvrir la ville ?

Avril. Quand la météo à Paris peut encore se révéler capricieuse. Il faut savoir que l’ensoleillement à Madrid est quasi équivalent à celui de Casablanca !

Qu’est-ce que Madrid possède que les autres villes n’ont pas ?

Un côté eldorado, car tout paraît encore possible ou à réinventer. C’est vraiment la ville idéale pour un jeune qui veut lancer un projet d’entreprise.

Un reproche à lui faire ?

Un certain classicisme hérité d’une longue histoire aristocratique espagnole.

Comment définissez-vous Madrid ?

En y vivant la moitié du temps, on réalise qu’il s’agit vraiment d’une porte sur l’Espagne, mais aussi sur l’Europe et sur l’Amérique latine. Il y flotte un peu de l’esprit du Miami des années 2000… C’est une ville en devenir, avec un potentiel phénoménal.

> La galerie : Albarran-bourdais.com. Les agences : Eva-albarran.com et Solo-houses.com