Onze ans après sa disparition, les amateurs de design peuvent mesurer dans deux expositions belges l’étendue du travail abattu par le designer et architecte d’intérieur Maarten Van Severen. À l’initiative de sa propre fondation, il a rendu toutes ses archives accessibles. On sait donc très bien que si, dans l’imaginaire design, il est connu pour ses chaises A.03 chez Vitra, il a aussi beaucoup produit ailleurs, voire lui-même. L’éditeur hollandais Hans Lensvelt a plusieurs fois exposé sa production sous forme d’installations, notamment quand il collaborait, de 1997 à 1999, aux projets d’OMA, l’agence d’architecture de Rem Koolhaas. Van Severen, Koolhaas et Lensvelt ont ainsi aménagé l’ambassade des Pays-Bas à Berlin et la bibliothèque centrale de Seattle. En France, le maître belge est intervenu sur la mythique maison Lemoine à Floirac (Gironde) et sur la villa Dall’Ava à Saint-Cloud (avec une étonnante piscine sur le toit).
Dès son installation en 1986 à Gand, ce natif d’Anvers a décrassé les archétypes du mobilier moderne, en commençant par sa table, d’une finesse de lame. Fils du peintre abstrait Dan Van Severen, il choisissait lui-même les couleurs de ses créations. Au final, sa production constitue une réflexion de fond sur le design, mais jamais au point de rogner sur le confort. Même s’il disait : « Je travaille sur des images mentales […] aux frontières du mobilier utilisable et de l’objet inutilisable », Van Severen était tout sauf froid. Avec l’éditeur belge Durlet, il signa l’intérieur du musée Van Abbe d’Eindhoven. Son dernier projet ? Un pavillon de réception à Deurle pour les jumeaux Stefan et Kristof Boxy, traiteurs. À l’heure où le musée du Design de Gent et la Fondation Maarten Van Severen exposent ce « maker-penseur » qui ne se prétendait pas designer, il compte comme un des grands de la seconde moitié du XXe siècle.