Librement inspiré du roman La Grande Arche, de Laurence Cossé, paru chez Gallimard en 2016, le film sur l’architecture de Stéphane Demoustier L’Inconnu de la Grande Arche nous transporte dans ce projet culte et ressort de l’oubli son concepteur Otto von Spreckelsen.
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Otto von Spreckelsen, l’architecte méconnu derrière la Grande Arche de la Défense
Stéphane Demoustier connaît son sujet. Pendant dix ans, il a réalisé des films sur l’architecture et interviewé des architectes. Son quatrième long-métrage nous transporte sans clichés dans les affres du plus grand projet européen de 1982 : la construction de la Grande Arche de la Défense, à Puteaux (Hauts-de-Seine). Cette année-là, le président François Mitterrand sélectionne l’architecte danois Otto von Spreckelsen, 53 ans, qui a répondu à l’appel d’offres en proposant un cube ouvert.
Mais si la Grande Arche de la Défense doit être livrée très vite pour le bicentenaire de la Révolution, le Danois (interprété dans le film par Claes Bang) percute le mur du réel que s’avère, en France, la réalisation d’un chantier présidentiel. Son projet va se révéler être un tel casse-tête qu’avec son épouse (Sidse Babett Knudsen à l’écran), ils ne seront pas trop de deux pour naviguer dans les méandres parisiens. Elle, se révèle meilleure négociatrice face au maître d’ouvrage, joué par un Xavier Dolan pragmatique et roué.
La Grande Arche, entre utopie moderniste et tragédie politique
Autour d’eux, évolue l’architecte français Paul Andreu (Swann Arlaud), encombrant renfort de l’archi-artisan en route vers le burn-out. Force est de constater que le rêve et la poésie n’ont pas droit de cité sur ce chantier, même quand le Président François Mitterrand (Michel Fau) soutient « monsieur l’architecte ». Le scénario dépeint son âme, prise en étau dans cette aventure.
On s’émeut de sa haute idée de la création ; on rit des scènes cocasses. L’empathie que l’on éprouve est d’autant plus forte que L’Inconnu de la Grande Arche sonne vrai. Peut-être parce qu’il a été tourné dans des décors aussi réels que le palais de l’Élysée, avec le salon bleu dessiné pour François Mitterrand par le designer Pierre Paulin. Ces meubles symbolisent d’ailleurs tout le désir de modernité des eighties au sein d’un univers encore traditionnel et très masculin. Ce n’est que quelques années plus tard, en 1991, que la chanteuse Madonna popularise dans le film documentaire In Bed with Madonna, d’Alek Kaehishian, l’expression d’« intégrité artistique ». L’architecte Otto von Spreckelsen chérissait la sienne au-delà de tout.
> « L’Inconnu de la Grande Arche » de Stéphane Demoustier, en salles le 5. novembre 2025
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