Quand Ronan et Erwan Bouroullec ont accepté de plancher sur une exposition en quatre mouvements à Rennes en 2016, c’était pour explorer de nouvelles pistes dans leur travail. Réflexion sur ce que les deux frères designers pouvaient amener à l’échelle de la ville et des ses enjeux contemporains, « Rêveries urbaines » formulait des propositions d’aménagement pour les cités du XXIe siècle et leurs espaces publics à travers différentes maquettes. Cette exposition magistrale a ensuite été présentée dans différents musées européens avant de voyager prochainement en Asie et à New York.
Ce travail de prospective n’est toutefois pas resté dans les musées. En décembre dernier, le Design District de Miami, un quartier qui se réinvente grâce à la création contemporaine, inaugurait une promenade ombragée par une structure en métal imaginée par les Bouroullec pour l’exposition à partir de Nuage, une forme récurrente dans leur travail, qui a notamment servi pour un vase (Vitra, 2002).
Ces jours-ci, la ville de Rennes a annoncé qu’elle allait elle aussi se lancer dans la construction d’un projet issu de « Rêveries urbaines ». Lors de l’exposition, la municipalité a jeté son dévolu sur une maquette de lustre géant. Des discussions avec la fratrie ont fait évoluer ce projet vers une série de trois kiosques illuminés, posés sur la Vilaine. L’installation de ces « folies » architecturales aura lieu au printemps 2019 et s’inscrira dans le développement urbain de Rennes qui veut étendre son centre en s’appuyant sur la Vilaine, le cours d’eau qui la traverse.
Durant un an, le studio des Bouroullec a donc œuvré avec la ville et David Perreau, le commissaire de « Rêveries urbaines », afin de donner naissance à ce projet : choix de l’emplacement, des matériaux… L’ambition de la ville est de faire de ces kiosques un nouvel emblème de Rennes, un peu comme le miroir d’eau de Michel Corajoud à Bordeaux ou le pont circulaire Cirkelbroen d’Olafur Eliasson à Copenhague. L’ensemble du projet a été financé pour un tiers par la mairie et deux tiers par un fonds de dotation privé afin d’accompagner les artistes et designers désireux d’intervenir dans l’espace public rennais. A l’avenir, le principe de ces kiosques pourrait être décliné en d’autres endroits de la ville.
L’année prochaine sera aussi inaugurée la fontaine imaginée par les Bouroullec pour le rond-point des Champs-Elysées et qui découle elle aussi des réflexions initiées par « Rêveries urbaines »… Une œuvre monumentale imaginée en partenariat avec le cristallier Swarovski et qui viendra redonner vie à une place délaissée de la plus célèbre des artères parisiennes.