Longtemps relégué à un site de « petites annonces » entre particuliers sans trop de charme, le site s’est rapidement transformé en repaire incontournable pour les amoureux de pièces de design uniques et vintage. Ils sont des millions de visiteurs par mois (un Français sur deux) à se rendre sur Leboncoin en espérant trouver l’élément qui donnera du cachet à leur chambre, salon ou garde-robe.
Marion, 33 ans, chargée de mission dans la culture à Lille en fait partie. Elle a commencé à utiliser la plateforme il y a une dizaine d’années environ. Au départ, il était surtout question de décorer sa maison puis c’est devenu une passion. « Tous les meubles que j’ai chez moi viennent de mes transactions sur Leboncoin. Avec l’essor de la mode vintage, cela demande plus de temps de trouver des bonnes affaires parce que certaines pièces sont désormais plus connues. » Elle n’est pas peu fière de ses trouvailles, comme la desserte-bar de Marc Held à moins de 50 euros, et la fameuse lampe de Georgia Jacob à moins de 30 euros.
Partenariats en série
Cette lampe en forme de flamme, conçue en résine dans les années 70, a le vent en poupe depuis que l’architecte et décoratrice d’intérieur Marine Bonnefoy l’a recommandée, lors d’une collaboration avec Leboncoin aux côtés de Tania-Bruna Rosso et Sophie Fontanel. Intiluée « Une pièce à soi », tous les articles mis en avant pour cette campagne (initiée fin 2020) ont bénéficié d’une recherche exponentielle sur le site et d’un pic de ventes.
« On s’est aperçus qu’il y avait beaucoup d’utilisateurs un peu perdus face à la masse d’annonces disponibles, et parfois pas toujours bien prises en photo, nous explique Caroline Grangié, directrice du pôle médias chez l’entreprise. Nos deux objectifs étaient de faire de la pédagogie pour aider les gens à trouver ce qu’il leur faut, mais aussi donner des idées et astuces pour se meubler à moindre coût et encourager l’économie circulaire et la seconde main. »
Pour ce faire, rien de mieux que des partenariats avec des personnalités publiques, influenceurs et marques. Cela a débuté avec Make My Lemonade il y a quelques années puis Goodmoods plus récemment, et la dernière en date avec les trois expertes citées précédemment. L’idée étant d’expliquer comment bien chiner mais aussi de raconter une histoire derrière des objets de design, leur origine et leur prix parfois élevés.
Le design d’un futur désirable sur leboncoin
Car au-delà de l’aspect économique désirable, il y a l’envie comme celle d’Esther, trentenaire parisienne, de posséder quelque chose d’unique « et ne pas contribuer à la surproduction, mêlé au plaisir de dénicher une pièce rare. ». L’accessibilité du Boncoin lui permet également de faire ses recherches à toute heure et jour de la semaine sans avoir à se soucier du reste. « J’ai déjà été à l’autre bout de Paris pour une tasse ou des assiettes. », confie cette jeune mère qui trouve également des jouets uniques pour son enfant.
Caroline Grangié admet ainsi que le public du Boncoin a récemment évolué. Il reste en son sein les acheteurs et vendeurs originels de tout milieux et villes de France, mais de plus en plus de jeunes y voient leur intérêt, accompagnant une tendance globale autour des meubles vintage d’une certaine époque ; les années 60 et 70 sont particulièrement prisées.
Certaines personnes comme Justine qui travaille dans le secteur de la décoration d’intérieur, sont minutieuses et pointues dans leurs recherches. « Je tape une marque ou un modèle précis, j’ai toujours une idée en tête. Parfois, c’est plus difficile comme cette fois où je me suis lancée en quête d’une cafetière aperçue sur Instagram à travers un magazine de déco des années 90, se souvient-elle. Sans nom ni marque, j’ai mis des mois avant de trouver mon bonheur sur Leboncoin… à Annecy. »
Elle aime particulièrement la satisfaction de chiner, prendre le temps et parfois retaper de vieux objets en mauvais état. Pour elle, l’expérience du Boncoin se compose autant de fouilles que de trouvailles. Pas de recettes miracles, sinon d’« élargir sa recherche et ne pas écrire pile poil le nom du designer ou du modèle qu’on cherche parce que les gens ne savent pas toujours ce qu’ils vendent.»
Caroline Grangié confirme la volonté de faciliter davantage les recherches à l’avenir. Il ne s’agira plus uniquement de décoration ou d’ameublement mais de matériaux également : les vendeurs et acheteurs n’hésitent plus à passer par le site en ligne pour dénicher du carrelage ancien à prix réduit ou un lavabo d’une époque révolue. Le gérant du Domaine de Ronsard, Vincent Dewas, s’en est fait le spécialiste en retapant de vieilles fermes à l’aide de matériaux anciens ou de chutes de travaux d’autres biens. L’avenir de la décoration et des travaux semble bien être sur Leboncoin.