Avec Le Petit Patou, Guillaume Henry réinvente le it-bag

Le premier sac dessiné par Guillaume Henry pour Patou se décline ce printemps dans une version mini aux couleurs vitaminées. Si ce sont les passionnés de mode qui décrèteront son statut, il y a fort à parier que cet accessoire se hissera au firmament des sacs les plus désirables de la saison. Au point de faire revivre le concept du it-bag ?

Après la Baguette Fendi, le Trapèze chez Céline et le Chiquito de Simon Porte Jacquemus, il faudra compter sur Le Petit Patou, nouveau sac de la griffe éponyme, en passe de réintroduire la notion de it-bag dans nos armoires…



Le renouveau du it-bag

Il fut une époque où les marques de mode rivalisaient d’inventivité afin de dessiner le nouveau sac à la mode, celui qui s’afficherait le plus largement au bras des modeuses. Aussitôt acheté, aussitôt rangé. Et puis : la prise de conscience écologique. Le concept de tendance éphémère s’efface au profit de valeurs sûres, le modèle 2.55 de Chanel et le Jackie de Gucci en tête.

Guillaume Henry est arrivé à la tête de Patou en 2018 afin de réveiller cette belle marque, endormie depuis 30 ans. Après avoir construit un vestiaire « portable et abordable », le directeur artistique s’est attelé à la création d’un sac, le Patou, avant d’introduire ce printemps sa version XS.

Le Petit Patou.
Le Petit Patou. Patou

Le Petit Patou est-il en mesure de réinventer le concept du it-bag ? Parce qu’il est conçu en édition limitée à partir de stocks de cuir, tout en arborant fièrement le logo de la marque, il y a fort à parier que la sphère mode tient-là son nouvel accessoire fétiche.


Rencontre avec Guillaume Henry, créateur du sac Le Petit Patou

IDEAT : Le Petit Patou vise t’il à s’imposer comme un sac iconique ?

Guillaume Henry : C’est plutôt le consommateur qui choisit la trajectoire d’un sac. Nous n’avons pas dans l’idée de faire pléthore de sacs — nous ne sommes pas une marque de maroquinerie mais avant-tout une griffe de prêt-à-porter. L’offre que propose le marché est tellement dense… Il fallait que le nôtre soit juste, fonctionnel, une vraie proposition personnelle et singulière en somme. Le Patou est notre premier sac, Le Petit Patou sa version réduite. De plus, j’insiste sur l’article « le » quand je le nomme : il fait un clin d’œil à l’univers de la pâtisserie, à tout le patrimoine français. Il s’appelle « Le Petit Patou » comme « Le Merveilleux », « Le Saint-Honoré »…

Guillaume Henry.
Guillaume Henry. DR

Quelle fut son inspiration ?

G.H. : Historiquement, Jean Patou fut le premier a avoir utilisé ses initiales pour signer un vêtement : il a inventé le monogramme. Nous avons donc repris ce « JP » historique et l’avons plié en deux suivant la symétrie qui sépare les deux lettres. C’est ce qui lui a donné sa forme : ce sac est finalement celui qui porte sur lui le plus gros logo possible… mais de la façon la plus discrète.

Le Petit Patou incarne aussi la dimension écologique que vous portez depuis votre arrivée…

G.H. : J’essaie d’insuffler chez Patou une philosophie « no waste » depuis mon arrivée (en 2018, après le rachat de la marque par LVMH en 2017, ndlr). A notre niveau, sans bien sûr nous présenter comme des militants acharnés, nous essayons de produire avec conscience et justesse, de faire les choses « bien ».

Patou affiche désormais fièrement son logo.
Patou affiche désormais fièrement son logo. Patou

Nous avons essayé, dans un premier temps ,de nous éloigner du cuir pour façonner le sac dans une matière plus responsable. Nous avons ainsi essayé de modeler des matières faites de cactus ou de raisin. Sans avoir de recul sur ce que seraient les effets du temps sur ces peaux de synthèse, nous avons abandonné cette idée.

En revenant au cuir, nous avons exclu de nous lancer dans la manufacture de cuir et de ses couleurs au profit de l’utilisation de stocks dormants. Nous rachetons à des tanneurs des quantités de cuir déjà traitées qui ne leur servent plus plutôt que de produire de nouvelles qualités. Ceci donne à chacun de nos sacs une dimension unique — chaque pièce est numérotée. Une fois le stock du tanneur épuisé, le sac ne pourra plus être produit dans ce cuir et cette couleur précise. Certains modèles existent ainsi en 60 exemplaires, d’autres sont plus largement disponibles…

Est-ce différent d’imaginer un sac plutôt qu’une collection de mode ?

G.H. : Un sac, c’est tout à la fois. Une collection de vêtements, c’est avant-tout une histoire, une narration. L’accessoire a, quant à lui, une trajectoire parallèle, une vie à soi. Nous n’avons pas imaginé un sac saisonnier mais intemporel. C’est pour cela que nous lui avons donné le nom de la marque : il s’appelle Le Patou pour représenter Patou aujourd’hui, demain et dans les années à venir.

Je rêve qu’il devienne un objet inter-générationnel qui soit transmis de mère en fille… ou en fils. Un sac implique aussi un temps de réflexion plus long. Son accouchement s’apparente à l’élaboration d’un menu gastronomique : les recettes sont testées mille fois avant de sortir des cuisines. Le Patou a donc pris son temps : il a d’abord été présenté dans sa version « normale » afin d’être décliné, cette saison, dans sa version XS.

Cet intemporel se décline aussi bien dans des couleurs acidulées que classiques.
Cet intemporel se décline aussi bien dans des couleurs acidulées que classiques. Patou

Peut-on rapprocher le design d’un sac de celui d’une pièce de mobilier, esthétique et fonctionnelle ?

G.H. : La practicité du Patou est en effet l’une des clés qui ont guidé sa conception, en parallèle de son aspect graphique. J’aime que mes chaises soient élégantes et confortables. J’ai appliqué le même traitement à ce sac. Nous sommes finalement très pratiques chez Patou : le grand sac peut contenir toute une vie, le petit ses essentiels.

> Le Petit Patou, en vente chez les revendeurs de la marque et sur patou.com, à partir de 690 €