En attendant la toiture rétractable du court central, prévue pour l’année prochaine, le stade de Roland-Garros allie pour la première fois en 2019 le sport à la botanique avec le court Simonne-Matthieu. Désormais étendu aux jardins de la Porte d’Auteuil, le tournoi parisien s’inscrit ainsi dans la continuité des serres historiques de Jean-Camille Formigé, avec une architecture de verre et d’acier qui réunit des espèces végétales venues de toute la planète.
Ceinturé par quatre serres tropicales, le nouveau court accueille des espèces d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Océanie. Une collection d’envergure planétaire qui s’ajoute aux eco-systèmes déjà exposés dans les cinq serres principales du jardin botanique. Construites à la fin du XIXe siècle, celles-ci subsistent encore aujourd’hui dans leur intégralité, contrairement aux rumeurs propagées dès l’annonce du projet. Longtemps soupçonnée de leur porter atteinte, la nouvelle infrastructure remplace en réalité des serres en plastique et en aluminium des années 1970 et 1980, dépourvues de toute qualité architecturale.
Après avoir reconverti ses anciennes orangeries en espaces de restauration et de réception, le stade de Roland Garros poursuit donc son extension sur le site des Serres d’Auteuil, mais sans le privatiser pour autant ! Car en dehors du tournoi, les quatre nouvelles serres doivent ouvrir leurs portes au public tout au long de l’année. Une condition primordiale pour Marc Mimram, qui signe le court et défend à travers lui « une ville perméable ».
« Ouvert au voisinage et aux visiteurs du jardin, ce projet est plus qu’une infrastructure mais un morceau de ville à part entière » explique l’architecte et ingénieur parisien. Multi-récompensé pour ses bâtiments comme ses ouvrages d’art, son cabinet du XIe arrondissement a déroulé 5 000 m2 de doubles vitrages sur une structure de 320 tonnes d’acier. Malgré ces chiffres impressionnants, celle-ci fait preuve de modestie et s’aligne sur la hauteur des serres de Formigé en cadrant un rectangle de terre battue creusé à plusieurs mètres de profondeur.
Légèrement sérigraphiées sur les façades les plus exposées au soleil, les centaines d’écailles qui composent les serres recouvrent également une partie des gradins afin de dessiner des ombrières et protéger les tribunes hautes des intempéries et des nuisances sonores du boulevard périphérique. De quoi offrir des conditions optimales aux 4 950 spectateurs qui assisteront aux premiers matchs de qualification à partir du 26 mai, sur autant de sièges en contreplaqué de bouleau.