C’est d’une New York contemplative qu’Anja Niemi nous parle. Pas de la Big Apple grouillante et embouteillée. Ni de la métropole à la mode et qui ne dort jamais. Ni de la ville toujours plus haute et plus dense. Il faut dire que la photographe norvégienne, loin de se définir comme urbaine, se rangerait plus volontiers du côté des sauvages. « À l’année, je vis dans une petite ville aux environs d’Oslo, où la vie est plutôt tranquille, décrit-elle. Au quotidien, j’ai besoin de cela. Mais parfois la visite d’une grande ville s’impose. Comme une dose d’excitation nécessaire. New York est parfaite pour cela. Moi qui ne suis pas très portée sur les contrées bruyantes et pleines de gens, à New York, étonnamment, tout cela me gêne moins. »
Anja Niemi y a vécu deux ans : elle étudiait alors la photographie à la Parsons School of Design, l’une des écoles les plus courues en matière de création – parmi les anciens élèves, l’artiste Ai Weiwei ou le styliste Marc Jacobs. C’est là que son œil s’est aguerri et aiguisé. Mais c’est avec une certaine douceur qu’Anja, en retour, regarde la ville : elle l’éprouve en rêveuse, voire en flâneuse.
Pas très à l’aise avec le métro new-yorkais, toujours bondé et souvent capricieux, elle l’arpente à pied, tête en l’air et nez au vent, avec une certaine prédilection pour Chelsea, quartier créatif du sud-ouest de Manhattan. Elle se promène sur la High Line, cette ancienne voie de chemin de fer sur-élevée transformée en promenade plantée, où l’on serpente entre les buildings de starchitectes comme Jean Nouvel, Renzo Piano ou Frank Gehry.
Sachant se nourrir des autres artistes, elle fait aussi régulièrement la tournée des galeries d’art, qui, à Chelsea, sont légion. « Je passe de l’une à l’autre jusqu’à me rassasier », confie-t-elle avec gourmandise. Les plus muséales d’entre elles, comme celles de David Zwirner ou de Larry Gagosian, la fascinent par les expos grandioses qu’elles permettent. Steven Kasher, le galeriste qui représente la photographe aux États-Unis, s’est lui aussi établi dans ce très chic voisinage. « Pour autant, observe la photographe, les vernissages à New York, et notamment chez Steven, sont beaucoup plus décontractés qu’à Londres ou à Paris. J’y suis, du coup, un peu plus à l’aise. Enfin, autant que possible quand il s’agit de mon propre vernissage ! »