La crise sanitaire liée au Covid19 menace un certain nombre de savoir-faire et de traditions liés au secteur du mobilier et cultivés dans l’Hexagone depuis des siècles. Voilà pourquoi le Mobilier National a décidé de prendre une part active dans le soutien à la filière des métiers d’art et du design. « Il nous semble, plus que jamais, que le Mobilier national, les métiers et les valeurs qu’il représente, doit être un acteur de la reconstruction de notre modèle social », a déclaré son directeur Hervé Lemoine ce 30 avril 2020.
En effet, comme bien d’autres secteurs, toute une filière se retrouve quasiment à l’arrêt depuis le début du confinement : les chantiers sont stoppés et une grande incertitude pèse sur les ouvertures de restaurants, hôtels, espaces de coworking, tous pourvoyeurs d’activité. Or elle représente près de 120 000 emplois dans toute la France – la plupart impossible à exercer en télé-travail… – pour un chiffre d’affaires annuel estimé à 15 milliards d’euros. C’est pourquoi le Mobilier National a décidé de s’engager à hauteur de 450 000 € dans un vaste plan de relance des métiers d’art : une façon de leur procurer du travail mais aussi de les aider à réorganiser leur production à l’aune des nouvelles mesures sanitaires qui vont prévaloir dans les mois à venir.
Enrichir les collections du Mobilier National
Le premier axe de son action prendra la forme de commandes publiques afin de permettre aux designers comme aux artisans de continuer à travailler et à créer. « Nous allons organiser une commission exceptionnelle d’acquisitions pour permettre à de jeunes designers, à de jeunes créateurs, de nous proposer des modèles, des projets que nous allons acquérir puis réaliser », a révélé Hervé Lemoine, qui compte engager 250 000 € dans ce volet. Parallèlement, l’institution créée par Colbert prévoit d’acquérir des pièces de mobilier auprès d’éditeurs et de galeries pour enrichir ses collections. Quant aux sommes dégagées en 2020 par la coopération avec des éditeurs (notamment Ligne Roset pour la collection « Hémicycle »), elles seront investies dans le Campus métiers d’art et design des Manufactures des Gobelins.
Plus patrimonial, le second axe sera tourné vers la conservation et la restauration des immenses collections du Mobilier National, et plus spécifiquement des pièces datant des années 1930 à 1950. Les métiers d’art (ébénistes, tapissiers en siège, doreurs, bronziers, lustriers, horloger, restaurateurs textile…) à travers toute la France seront mis à contribution dans ce plan financé à hauteur de 150 000 €.
Enfin, Hervé Lemoine a annoncé que les achats de matière première du Mobilier National, notamment les laines, soies et lins utilisés pour le travail des tapissiers, allaient être relocalisés en France afin de soutenir une filière complémentaire et elle aussi en souffrance. Enfin, des pièces sorties du domaine public vont être vendues aux enchères au profit des personnels soignants des hôpitaux parisiens à l’occasion des prochaines Journées du Patrimoine en septembre prochain.
Demeure une inconnue, la somme allouée par le Mobilier National (seulement 450 000 €, à rapporter aux 25 millions d’euros de son budget annuel) sera-t-elle suffisante pour faire face à l’ampleur de cette crise ?