Le plus beau musée d’art contemporain du monde ?
L’Art Institute de Chicago. On peut y voir de l’art classique, moderne et contemporain. Il est essentiel qu’un musée permette de confronter les périodes. La compréhension de l’art contemporain ne peut se faire que par l’apprentissage de l’art classique et moderne.
Le plus émouvant ?
Le Centre Pompidou, né d’une utopie. C’est un exemple unique – et une idée généreuse – qui doit être préservé, mais aussi repensé, car le site est aujourd’hui devenu trop étroit pour faire cohabiter les XXe et XXIe siècles.
Celui que vous venez de découvrir ?
Le SFMOMA, à San Francisco, qui vient d’être agrandi. Si l’architecture est superbe, j’ai trouvé l’accrochage contemporain sans finesse, mettant trop en avant l’art américain et allemand. Le magnifique département photo, en revanche, est l’un des plus beaux du monde.
La ville la plus intéressante en matière d’art contemporain ?
Paris, sans aucun doute, avec le Centre Pompidou, le musée d’Art moderne, les galeries du Grand Palais, la Maison européenne de la photographie, les fondations privées, l’arrivée de la collection Pinault, les centres d’art comme le Jeu de Paume ou le 104, sans oublier les galeries d’art. La réussite de la FIAC doit beaucoup à tous ces lieux.
Le quartier ?
L’Upper East Side, à New York, redevient un centre important qui permet aux galeries de s’approprier des lieux plus réduits, où les artistes ne sont plus obligés de se perdre dans de gigantesques espaces, comme à Chelsea.
Votre star de l’art contemporain ?
Laure Prouvost : une artiste qui sait prendre des risques. Elle sait aussi bien occuper un grand espace que créer des œuvres intimes. Toujours surprenante, elle ne cherche pas qu’à plaire au marché de l’art.
L’artiste contemporain qui vous touche le plus ?
Sarkis, 76 ans, car il est sensible, authentique, cultivé et cherche toujours de nouvelles voies, introduisant de la poésie et du sens dans ses œuvres. Il touche les jeunes collectionneurs comme ceux de sa génération. C’est un signe.
Le mouvement qui vous intéresse le plus en art contemporain ?
Je dirais plutôt que c’est l’art contemporain qui m’intéresse car il est en mouvement. Je ne crois pas aux cloisons : le peintre, le sculpteur, le photographe, le vidéaste… Andres Serrano est un grand artiste, un génial portraitiste, comme Valérie Belin. La photographie est le prétexte, le support de leur art, pour y faire passer leur sensibilité.
L’artiste qui parle le mieux de notre époque ?
Robert Rauschenberg. Il a su croiser les influences européennes de l’art moderne (Picasso…) avec les nouvelles tendances de l’Amérique d’après-guerre, qui va devenir le modèle créatif. L’urbain, le chaos de la société de consommation, la mondialisation… Il est encore très présent chez les jeunes artistes !
Celui qui symbolise le mieux le XXe ?
Francis Bacon. Le moi devenu sujet universel, dans un monde globalisé. Une peinture classique avec une violence dans les gestes, entre la première moitié du XXe siècle, dont il a été le témoin, et la seconde, qu’il a vécue intensément.
Un lieu ?
L’île de Naoshima, au Japon. Une expérience unique, un sans-faute. L’art, la nature et la vie quotidienne y sont complètement liés.
Un site qui a mal vieilli ?
Le MOCA, à Los Angeles, de Arata Isozaki. C’est sombre, mal fichu, bas de plafonds, très éloigné de la lumière et de l’espace qui caractérisent les autres musées américains.
Quelle place prend l’art, chez vous ?
Depuis l’enfance, je vis avec des œuvres. Elles font partie de la famille. Je préfère les collectionneurs qui vivent avec ce qui leur plaît. J’ai horreur des intérieurs de décorateurs où le tableau est assorti… sans trace de mauvais goût.
Comparer l’art contemporain…
Avec le sport : plus on en fait, plus on excelle, et la compétition y est très importante. Picasso et Braque, c’est beaucoup d’entraînement, des traits de génie, mais aussi une compétition.
Avec quels mots doivent rimer les termes « art contemporain » ?
Vision, curiosité, doute, engagement.
Votre foire préférée ?
Art Basel. Elle sait se réinventer, être à l’écoute du monde, avec un niveau d’exigence très élevé.
Celle qui monte ?
ARCO (Madrid) a su garder son identité « hispanique » tout en restant ouverte.