La Résidence Eisenhower renaît grâce aux coups de crayon de l’agence Chatillon Architectes – notamment chargée de la rénovation du Grand Palais à Paris. IDEAT a rencontré la conseillère en décoration du lieu, Sarah Chatillon.
La Résidence Eisenhower, une maison de famille
Entre les années 1911 et 1913, Monsieur Mignot fait appel au savoir-faire de l’architecte parisien François-Adolphe Bocage afin de construire cette majestueuse demeure où il souhaite séjourner avec sa famille. Trois décennies plus tard, lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, la famille décide de prêter sa maison au Général Eisenhower qui s’y réfugie jusqu’à la signature de l’Armistice en 1945. Un passage indélébile auquel l’agence d’architecture a souhaité rendre hommage en rebaptisant la Résidence Eisenhower.
Transformés en appartements, les espaces de la Résidence Eisenhower avaient perdu de leur splendeur. Un réel travail de fond a été réalisé par Chatillon Architectes afin de mettre en lumière chaque parcelle de ce bâtiment : «Tous les décors avaient disparu. Il y avait des faux plafonds qui les cachaient, on avait complètement perdu la notion des espaces.»
Jouer avec les époques
Sarah Chatillon vient du monde de l’art. Fraîchement diplômée de l’école du Louvre, elle parfait sa vision artistique en travaillant au sein de la galerie Mitterrand, dans le 3e arrondissement de Paris. A la rénovation de la Résidence Eisenhower signée par Chatillon Architectes, elle apporte son regard artistique.
Plusieurs philosophies ont inspiré Sarah Chatillon : «Nous avons choisi des designers et éditeurs ayant marqué le design de l’après-guerre, et qui restent résolument modernes et intemporels par leurs lignes discrètes et épurées.» Sarah Chatillon est venue ici jouer avec les époques et les styles en jonglant avec le mobilier qui était à sa disposition. Des pièces contemporaines, comme les céramiques de Pia Chevalier, se mêlent, par exemple, à une commode Louis XVI dénichée dans une vente aux enchères.
«Le souhait des propriétaires a été de mettre en avant les savoir-faire locaux, artisanaux et donc de faire appel uniquement à des entreprises qui sont de la région.» explique Sarah Chatillon. L’agence a ainsi fait appel à des artisans régionaux comme Mazingue pour la ferronnerie – qui a confectionné notamment le bow window dans le salon – ou encore à des vitraillistes rémois pour la réalisation de la plupart des vitraux.
Grâce à quelques photos d’archives et au logiciel de conception Revit, Chatillon Architectes et Sarah ont réussi à répartir les espaces comme dans les années 1900. «L’idée était de restituer cet endroit et d’imaginer ce qu’avait pu être à l’époque cette demeure sous Monsieur Mignot» explique Sarah Chatillon.
Des espaces chargés d’histoire
Le grand escalier hypnotisant conduit les hôtes vers le premier étage, regroupant la salle de balle, le salon, la salle à manger et le fumoir : «J’ai choisi de faire retapisser les fauteuils avec des tissus plus contemporains, en les mélangeant avec un tapis de la Manufacture Cogolin travaillant avec des artistes contemporains.»
Grâce à sa verrière zénithale, la lumière du jour pénètre dans la Résidence Eisenhower. Sur l’un des murs des deux étages supérieurs, une longue fresque a été réalisée par les Ateliers Meriguet. Les huit chambres et les trois suites réparties sur le deuxième et troisième étage dévoilent toutes une décoration unique : «Pour les chambres, ce sont les noms donnés – Madame, Mademoiselle ou Monsieur – qui nous ont inspiré.»
Envie de déguster une spécialité régionale ? Il est possible de réserver, auprès d’un chef rémois, un déjeuner ou dîner à déguster dans la salle à manger. Pour le petit déjeuner, il suffit de se rendre au rez-de-jardin où un petit déjeuner copieux attend les hôtes.
La Résidence Eisenhower est un hôtel, certes, mais également un lieu d’accueil pour trois grandes maisons de champagne. Une salle dédiée au sous-sol a ainsi été aménagée en un espace de dégustation pour les prestigieuses cuvées des maisons Charles Heidsieck, Piper-Heidsieck et Rare Champagne.