« Un dispositif de sensations destiné à rendre les gens heureux le temps d’une nuit », disait d’elle Roland Barthes dans Vogue Homme en 1978. En matière de discothèque, les architectes s’attellent depuis cinquante ans à mettre en œuvre les dispositifs les plus ingénieux mais aussi les plus invisibles : les danseurs doivent oublier le cadre et se projeter dans le rêve…
A La villa Noailles de Hyères, les trois jeunes commissaires de l’exposition « La Boîte de nuit » ont décortiqué cette « manière paradoxale de faire disparaître l’architecture pour échapper au monde. D’où leur volonté de montrer des exemples comme le Voom Voom, livré par Nicolas Schöffer en 1966 à Juan-les-Pins dont les trois miroirs associés à un mur de lumières faisaient perdre aux danseurs toute notion d’espace. Ou de l’Altro Mondo, en Italie, tapissé du sol au plafond de métal laqué bleu.
Au fil de la déambulation entre photos, croquis et maquettes, on découvre aussi des lieux mythiques comme Le Palace (l’une des premières commandes de Patrick Berger, l’auteur de la Canopée des Halles) dont la boule à facettes transformait elle aussi l’espace physique. Cet espace physique avec lequel les architectes vont jouer sur le dancefloor saute au visage dans les clichés du photographe François Prost, qui recense depuis six ans dans « After Party » les extérieurs des boîtes de nuit françaises.
Mais ce qui frappe dans l’exposition qui a investi tous les espaces de la Villa Noailles, c’est la part belle faite à l’Italie. Le co-commissaire Benjamin Lafore rappelle à ce sujet que « les seuls projets construits par les protagonistes des avant-gardes ont été des boîtes de nuit ». Et d’illustrer son propos avec « le Roi Dancing » de Carlo Mollino.