Si le monde a les yeux rivés sur le nouvel iPhone X, le modèle qui célèbre les 10 ans du smartphone, la keynote organisée par Apple mardi 12 septembre officialise aussi l’ouverture de l’Apple Park. Après huit années de conception, de travaux, les employés ont commencé à y emménager depuis le mois d’avril dernier. Le siège de la compagnie aux 100 000 employés accueille désormais 12 000 d’entre eux dans un anneau gigantesque, situé sur un terrain de 70 hectares à Cupertino, dans la Silicon Valley. La conférence aura lieu au sein de l’amphithéâtre Steve Jobs, baptisé en hommage au fondateur d’Apple, qui s’est énormément investi dans ce projet avant sa disparition.
Considérant la nature comme le meilleur espace de réflexion possible, Steve Jobs a souhaité, dès 2004, réunir ses employés au sein d’« un centre de collaboration et de créativité », conçu à l’image du parc et du campus de Stanford, où l’espace public, largement arboré, connecte les divers départements de l’université. L’architecte Norman Foster, directement commandité par Steve Jobs, imagine alors un anneau de 2,8 millions de mètres carrés dont la faible hauteur lui permet de s’ancrer au sein d’un paysage totalement réinventé.
« Pouvez-vous imaginer travailler dans un parc […] ?
On le peut maintenant ! » Tim Cook, CEO d’Apple
Au centre du bâtiment, un oasis de verdure… 9 000 arbres fruitiers résistants au rude climat californien se déploient autour d’un lac et d’une prairie, tandis que de nouvelles collines, aux dénivelés totalement artificiels, enserrent l’anneau pour camoufler les nuisances visuelles et sonores du voisinage. Ces hauteurs accueillent un centre de fitness et de bien-être réservé aux employés, l’amphithéâtre Steve Jobs et deux parkings à étages.
Constituée des plus grands et plus solides panneaux en verre du monde, l’immense façade courbée laisse filer le regard pour atténuer la frontière entre nature et architecture. Climat californien oblige, des pare-soleils s’établissent à chaque niveau pour protéger de la chaleur l’édifice dont la ventilation est entièrement naturelle. Alimenté en énergie grâce aux panneaux solaires qui recouvrent sa toiture, l’Apple Park innove par la mise en place de systèmes écologiques à une échelle jamais vue jusqu’alors.
« L’Apple Park est une vraie vision utopique. » Norman Foster
Une démesure qui se poursuit avec la cafétéria, abritée dans un atrium de plus de treize mètres de haut. Deux portes coulissantes, chacune large de quarante-cinq mètres, occupent toute la hauteur de la façade et s’ouvrent dès que le temps le permet pour offrir au quatre mille personnes pouvant se restaurer simultanément la sensation d’être en pleine nature. Le sens du détail caractéristique de la marque à la pomme se retrouve dans les espaces de travail, avec des plateaux de bureau à hauteur ajustable, des câblages invisibles, intégrés au mobilier recouvert de placage en bois recyclé, une lumière à l’intensité et à la teinte personnalisables ainsi que des poignées de porte réalisées d’un seul tenant, sans vis ni boulon, à partir d’un aluminium blanchi identique à celui des Macbook.
« Nous pensons en terme de futur. Tout ce que nous ferons dans le futur commence ici. » Jonathan Ive, designer en chef d’Apple
Dernier legs de Steve Jobs, disparu le 5 octobre 2011, l’Apple Park, dont le coût de construction est estimé à 5 milliards de dollars, est déjà critiqué pour son aspect pharaonique. Un investissement que Jonathan Ive, designer en chef d’Apple, appelle à relativiser. Comme il l’indiquait récemment à nos confrères du magazine Wired, la valeur de l’Apple Park ne se mesure pas à son coût de fabrication mais aux innovations qui y naîtront. Affaire à suivre donc…