Karine Lewkowicz a ouvert son agence en 2002. Avec des projets comme Lazare, la table d’Éric Frechon, ou Le Vrai, premier restaurant 100 % français de Milan, elle a réinventé les codes esthétiques de la brasserie parisienne. Son travail sur la réinterprétation des classiques, comme le carreau de ciment ou la moulure haussmannienne, est un pur délice ! Après avoir signé également le décor de la première boutique Fou de pâtisserie, elle vient de redonner des couleurs à l’hôtel Mercure de la porte de Saint-Cloud.
Une couleur ?
Pas « une » mais « la » couleur, utilisée en masse, pour souligner un volume. Une pièce toute rouge par exemple, car, aujourd’hui, on ne fait plus dans la demi-mesure.
Une matière ?
Celles qu’on a envie de toucher et qui ont du relief, par exemple le bois, la pierre ou le marbre… Des matières vivantes, c’est ce dont on a besoin en ce moment.
Une pièce ?
La cuisine, lieu de vie par excellence, qui devient de plus en plus un espace de création avec l’intérêt croissant que nous portons à la qualité de notre alimentation. C’est aussi la pièce où l’on passe le plus de temps et où naissent les échanges. Les fabricants font beaucoup d’efforts pour y intégrer de nouvelles technologies ces temps-ci.
Un meuble ?
La chaise. J’en ai dessiné beaucoup. C’est une typologie qui possède pas mal de contraintes techniques liées à la hauteur, l’inclinaison ou encore la solidité. Celle en carton de Frank Gehry, la Wiggle, est l’une de mes préférées.
Un éditeur ?
La Chance, qui donne l’occasion aux designers français aujourd’hui d’exprimer tout leur talent. Et j’aime particulièrement la table Magnum dessinée par Pierre Favresse, avec ses arrondis et ses pièces de métal sur le dessous qui induisent un petit côté mordant qui me plaît.
Une ville ?
Shibam au Yémen, une ville magnifique qui a poussé en plein désert au XVIe siècle. Ses buildings, construits à la main en terre crue, semblent sortir du sable.
Un artiste ?
James Turrell, évidemment pour son travail sur la lumière. On éprouve des sensations incroyables en traversant ses installations. Son jeu subtil sur la lumière indirecte est très inspirant pour les architectes.
Une boutique ?
La galerie Artefact Design d’Alexandre Guillemain, rive gauche. On y trouve des pièces du XXe siècle signées Sottsass, Paulin ou Aalto. Ce mobilier possède une présence incroyable.
Un bâtiment ?
La Sagrada Família de Barcelone. J’y suis allée cette année. Antoni Gaudí a créé une folie pure, maîtrisée, qui ne semble reposer sur aucune intention particulière. On a l’impression d’entrer dans un autre monde. C’est vraiment magique !