Jules Wabbes
L'autodidacte

Acteur majeur du design dans la Belgique de l’après-guerre, Jules Wabbes (1919-1974) laisse derrière lui des pièces élégantes et intemporelles, aujourd’hui largement rééditées.

Entre les années 50 et 70, période prolifique en matière de design, Jules Wabbes porta haut les galons de la scène belge, dont il est aujourd’hui devenu une figure emblématique. Ce n’est pourtant pas sur les bancs d’une institution prestigieuse que le designer, né à Bruxelles en 1919, a découvert sa vocation. Autodidacte, il quitte l’école à 16 ans pour se consacrer à la photographie. Après la Seconde Guerre mondiale, il ouvre une boutique d’antiquités avec Louise Carrey, épouse du peintre français Georges Carrey. Affirmant au gré des opportunités un don certain pour redonner vie aux objets et aux meubles, ses clients lui demandent conseil pour repenser leur intérieur. En 1951, il fonde donc un bureau de design avec l’architecte André Jacqmain, avec qui il réalise ses premiers aménagements de magasins. Trois ans plus tard, c’est la compagnie aérienne Sabena qui fait appel à lui pour repenser ses cabines, puis le Fonds colonial des invalidités lui demande de dessiner le mobilier de bureau de son nouveau bâtiment (1959). Suivra celui de l’ambassade américaine à La Haye, dans un bâtiment signé Marcel Breuer. Un domaine qui deviendra sa spécialité. En 1957, il fonde sa propre maison d’édition baptisée Le Mobilier Universel pour exprimer librement son talent. Tables, bureaux et bibliothèques en bois massif vont asseoir sa notoriété. Loin de vouloir dissimuler les assemblages, il aime les mettre en évidence. Son amour des matériaux traverse une production où le souci du détail figure au cœur des préoccupations du designer, réputé intraitable sur la qualité d’exécution. Il fut marié à Marie Wabbes, artiste et auteure de livres jeunesse, avec qui il eut quatre enfants. Sa fille Marie Ferran-Wabbes lui a consacré une biographie publiée en 2002 et fut la commissaire d’une rétrospective, tardive, au Bozar de Bruxelles (2012), où des pièces uniques et prototypes furent présentés pour la première fois. Emporté précocement, il laisse derrière lui une œuvre prolifique faite de meubles impeccablement dessinés, aux lignes simples et affirmées. Neuf marques se partagent aujourd’hui les licences officielles de Jules Wabbes. Quant aux pièces originales, on les retrouve régulièrement dans les salles des ventes.

Jules Wabbes, l’autodidacte

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