Jeune designer : Hélène Labadie joue avec le feu

Diplômée il y a seulement trois ans, la designer Hélène Labadie a déjà développé un univers prometteur. Portrait.

Au printemps 2015, quand elle passe son master à l’ESAD de Reims, Hélène Labadie choisit l’audace. Elle présente au concours de fin d’année une typologie originale : des fontaines conçues pour la maison. Des objets contemplatifs qu’elle fait passer de la sphère urbaine à la sphère domestique grâce à la magie du verre. Pour ce travail, elle reçoit les félicitations du jury.

La designer Hélène Labadie.
La designer Hélène Labadie. Hélène LAbadie

C’est aussi à Reims qu’elle a rencontré Gaëlle Gabillet du duo GGSV. Sa professeure la pousse à cultiver, en plus du design industriel, son propre univers et elle l’embauche même dans son studio à la fin de ses études, où elle devient directrice artistique. Depuis, cette designer s’est orientée vers une pratique du design très arty. Dans ses créations, la fonction s’efface devant la beauté plastique. Ce sont les arts du feu qui l’attirent : le verre (elle a notamment collaboré avec le Centre International d’Art verrier de Meisenthal) mais surtout la céramique.

Blue Monster, une expérimentation signée Hélène Labadie sur le verre.
Blue Monster, une expérimentation signée Hélène Labadie sur le verre. Hélène LAbadie

De son aveu, le cinéma constitue sa principale source d’inspiration. Ses fontaines de l’ESAD lui ont ainsi été inspirées par celle de Trévi, protagoniste central de la Dolce Vita de Fellini (1960). Mais aussi par The Lobster du réalisateur Yorgos Lanthimos (2015), un long-métrage loufoque dans lequel chaque humain possède un équivalent animal. « Mes fontaines ont quelque chose des personnages de Lanthimos, elles sont pensées comme des personnages », plaide-t-elle.

Portrait de famille de la collection « Les Noirs (2018).
Portrait de famille de la collection « Les Noirs (2018). Hélène LAbadie

« Les Noirs », la série qu’elle présente en ce moment au Bon Marché, procède de la même volonté d’humanisation des objets du quotidien. Avec cette série de contenants uniformément noirs, Hélène Labadie a voulu donner une direction anthropomorphique à son travail. Elle a constitué une véritable tribu d’objets dont chaque membre possède sa propre personnalité grâce à ses lignes singulières. Au départ, « Les Noirs » sont nés d’une commande pour une exposition. Afin de critiquer l’omniprésence du bien-être dans notre société, Hélène Labadie a notamment façonné des cendriers XXL en céramique noire puis fait évoluer cette famille désormais nombreuse.

Salvatore, un des personnages des « Blancs », la nouvelle série de Hélène Labadie.
Salvatore, un des personnages des « Blancs », la nouvelle série de Hélène Labadie. Hélène LAbadie

Cet hiver, la designer s’est attelée à une nouvelle série baptisée « Les Blancs » qui emploiera le même vocabulaire de formes et le même mode de fabrication. Pour donner vie à ses pièces, Hélène Labadie s’apprête une nouvelle fois à réquisitionner la maison familiale située dans le Tarn et y installer son atelier temporaire. C’est ici qu’elle façonnera chacune des pièces à la main en s’aidant de gabarits, avant de les cuire et de les émailler. En parallèle, elle compte multiplier les projets, plutôt des petites séries destinées à des galeries que des projets industriels. A suivre !

> Le Noirs, entre 500 € et 1 000 € au Bon Marché Rive Gauche.

Les fontaines Waterporn, réalisées au CIAV de Meisenthal.
Les fontaines Waterporn, réalisées au CIAV de Meisenthal. Hélène LAbadie

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