Un soir d’été, Flavia de Laubadère s’amourache par hasard des feuilles de bambou. Alors qu’elle traverse le jardin asiatique de « La Pagode », dans le VIIe arrondissement de Paris, les rayons du soleil couchant attirent son regard vers leurs reflets irisés. Leur brillance et leurs nuances frappent tellement la créatrice qu’elle décide de les utiliser en marqueterie, sur un paravent qui incarne parfaitement sa démarche, sensible et indissociable de l’artisanat.
Elevée entre la Normandie et la Toscane par des parents passionnés d’art de vivre, la designer aime à dire que « les objets et les maisons sont comme une famille : le toit protège, l’oreiller réconforte, la poignée accompagne… » Alors, forcément, chaque élément d’architecture et de décoration mérite à ses yeux la plus grande des attentions. Pour donner corps à son projet de paravent, elle collabore avec Manon Bouvier, une artisane spécialisée en marqueterie et couronnée du titre de Meilleur ouvrier de France en 2019. En alternant des feuilles de bambou et des pailles de seigle noir, cette dernière accumule plus de 200 heures de travail pour achever le « paysage nocturne » imaginé par Flavia de Laubadère.
« Fascinée par le savoir-faire des artisans et le rapport, presque sacré, qu’ils entretiennent avec la matière », Flavia de Laubadère privilégie le fait-main dans sa pratique du design, comme en architecture intérieure. « Il est toujours intéressant de passer d’une échelle à une autre », souligne la créatrice, qui prend toujours plaisir à articuler les disciplines. Une approche qu’elle cultive d’abord lors de ses études à l’école Camondo, puis à l’Institut Supérieur des Arts Appliqués, avant de s’exercer dans différentes agences et de fonder son propre studio en 2015.
Depuis son atelier parisien, installé dans le quartier de la Nouvelle-Athènes, elle conçoit tout type d’intérieurs. Du studio à l’appartement haussmannien, le souci du détail s’illustre dans les objets qu’elle créée pour l’occasion. A l’exemple de la lampe Ginko, dessinée pour un couple de collectionneurs, avec « un abat-jour en cuivre qui évoque les emmanchures évasées des chemisiers à l’ancienne ». Dans un autre projet, elle s’associe à la maître verrier Marie-Pierre Bouaziz pour signer « un vitrail qui orchestre la lumière et met en scène les espaces ». Notamment une cuisine en noyer et ses tabourets sur-mesure, que le Studio de Laubadère propose depuis en auto-édition.
Entre des bougies sculptées, un vase en céramique ou une table extensible, la créatrice développe peu à peu une gamme d’objets et de mobilier à destination des particuliers. Nées de ses projets d’architecture intérieure, ces créations séduisent les regards les plus avertis, comme Eloïse Gilles, à la tête de la galerie parisienne Mayaro, ou Amélie du Chalard, fondatrice de la galerie Amélie Maison d’Art. Dans son écrin du IXe arrondissement, cette dernière propose actuellement les tabourets Serti, avec des galettes ultra-raffinées, mêlant des fils de cuir et de coton dans un tressage réalisé par des tisserands d’art. Mais la designer et architecte d’intérieur réfléchit déjà à d’autres finitions, afin de décliner ses assises parmi une gamme de chaises, de fauteuils et de tables, cette fois destinée au monde de l’hôtellerie.