Ils sont 66 photographes iraniens à avoir été retenus pour le projet « Iran, année 38 », qui remet en perspective trente-huit années de création photographique dans un pays meurtri par la révolution islamique et la guerre. Début 2017, photographes, artistes et réalisateurs présentés dans l’exposition ont été invités à l’ambassade de France de Téhéran. Le directeur des Rencontres a alors pu échanger avec eux et saisir l’engagement et la volonté des deux commissaires adjointes, très investies dans la défense et la promotion de la photographie d’une nation au contexte politique marqué.
Anahita Ghabaian, docteur en histoire contemporaine et directrice de l’ancienne biennale parisienne Photoquai, en 2009, et Newsha Tavakolian, lauréate du prix Carmignac en 2013, rappellent que « ce n’est pas un hasard si notre pays compte autant de photographes. Lorsque les Iraniens souhaitent s’exprimer sur un sujet, ils utilisent les outils que l’histoire leur a fournis. La version moderne de la poésie est évidemment la photographie. Autrement dit, le photojournalisme, les images documentaires ou artistiques sont de la poésie visuelle. »
Sous nos yeux défilent les univers d’Abbas Kiarostami, Abbas Kowsari, Arash Khamooshi, Azin Haghighi, Babak Kazemi, Shadi Ghadirian ou encore Solmaz Daryani, dont les travaux, en noir et blanc et en couleurs, abordent la question de la sphère intime et privée, de l’identité individuelle ou collective par un jeu de confrontation d’images documentaires et de visions plasticiennes dans une société en mutation. Imbriquées, les histoires tant de l’Iran depuis sa révolution, quand les compteurs ont été « remis à zéro », que de celle d’un médium au vivier très riche se révèlent à nous.
« Iran, année 38. 66 photographes iraniens ».
À l’église Sainte-Anne.
À lire
La Photographie iranienne contemporaine depuis la révolution de 1979,
d’Anahita Ghabaian et Newsha Tavakolian,
Éditions Textuel / Arte, 192 p., 45 €.