Issu de la fameuse Design Academy d’Eindhoven, Maarten Baas a participé à l’éclosion de l’éditeur Moooi avec ses Smoke Chair, des fauteuils baroques soigneusement brûlés au chalumeau. Quinze ans après ce coup d’éclat et alors que sa carrière s’est orientée vers le design de galerie, le designer néerlandais revient chez Moooi avec le canapé Something Like This et la table basse Turbo. Deux modèles qui célèbrent son trait singulier. IDEAT l’a rencontré à Milan lors de la présentation officielle de ces nouvelles pièces.
Vous n’aviez plus créé un meuble pour Moooi depuis 2004. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous remettre à l’ouvrage ?
En réalité, je ne me suis jamais réellement senti en dehors de l’aventure Moooi… J’ai juste mis un peu plus de temps entre deux créations mais je ne leur ai jamais dit au revoir. La connexion entre nous est forte car nous sommes tous deux hollandais et qu’on se connaît intimement. De plus, ma collection « Smoke » se vend toujours très bien. On a donc continué à se parler, à discuter de projets à venir mais cela ne s’est pas concrétisé plus tôt car je ne suis pas un designer industriel à part entière, je travaille plus avec des galeries… J’avais néanmoins l’idée de ce canapé dont je voulais qu’il ressemble à un croquis fait rapidement. Je ne pouvais le produire qu’avec une grande marque, qui dispose d’un outil industriel solide.
Que pensez-vous du résultat ?
Je suis content du résultat : c’est un vrai système avec des modules qui se connectent entre eux pour réaliser un meuble presque sur mesure, mais aussi un produit final qui ressemble encore à mon croquis. Je n’aurais jamais pu parvenir à ce résultat seul c’est pourquoi j’ai été très heureux que Moooi accepte de le produire. C’est une prise de risque importante pour eux car le développement a été compliqué.
Depuis le début de votre carrière, vos créations affirment une présence très forte et en même temps une grande fragilité. Avez-vous voulu maintenir le cap avec ce canapé ?
J’ai d’abord voulu garder la grande spontanéité qui irrigue tous mes projets. Le reste n’est pas tant de la fragilité qu’une tentative de reproduire le trait d’un dessin d’enfant qui s’applique pour dessiner un canapé. Au final, cela ne fait pas très sérieux, et c’était bien là mon but initial !
Vous avez aussi dessiné un « concept-car »…
Oui, en effet ! (rires) Je crois que je dois être le seul designer au monde qui n’a jamais été approché par un constructeur pour dessiner un concept-car. J’ignore pourquoi BMW ne l’a jamais fait… Avec cette table basse, j’ai prouvé au monde que j’en étais capable… C’est du jamais-vu !
Sentez-vous les éditeurs plus à l’écoute de ce que vous avez à dire aujourd’hui ?
J’ai bizarrement l’impression qu’ils m’écoutaient plus il y a dix ans… On ne m’a jamais vraiment pris au sérieux mais je trouve ça très bien comme ça !