Comment êtes-vous devenu illustrateur ?
Jean-Michel Tixier : Enfant, je dessinais tout le temps… Totalement autodidacte, j’ai commencé en recopiant des planches de Tintin. Quand je suis arrivé à Paris, j’ai débuté comme graphiste dans la musique. Je faisais des pochettes pour Phoenix, Air ou Sébastien Tellier. Et puis un jour, j’ai fait un dessin pour Syd Matters, un groupe parisien, et un agent m’a contacté : ma carrière de dessinateur était lancée ! L’un de mes premiers projets était une bâche avec beaucoup de personnages pour le chantier de la Maison de la Radio, ce qui m’a permis d’affiner mon style et m’a assuré une super visibilité. Pour autant, je n’avais pas envie de me lancer dans une BD… Le jour où je suis passé à la couleur en 2011, j’ai fait la couverture du guide du Fooding, puis une campagne pour Hermès…
Quel est votre méthode de travail ?
Je procède toujours de la manière : je commence par des mots, en écrivant une histoire sur un bloc-notes. Le lendemain, j’en tire un rough (un brouillon, NDLR) que je fais rapidement sur un carnet pour voir si mon idée initiale fonctionne graphiquement. Une fois que je suis rassuré, je passe à l’exécution. Parfois deux histoires peuvent alors fusionner… Je travaille avec un stylet sur iPad. J’apprécie le contact direct avec le support (contrairement à une palette graphique) et le fait de ne pas avoir besoin d’un ordinateur à proprement dit. Quand les personnages sont dans une position complexe à reproduire, je me prends en photo et je me sers du cliché pour dessiner !
Comment est née la collection « Chers Parisiens » pour Maison Fragile ?
Je connais Mary Castel, la fondatrice de Maison Fragile, de longue date… Les Chers Parisiens ont mis longtemps à aboutir car j’avais initialement du mal à me projeter dans une assiette… Je suis plus à l’aise avec le vêtement voire le packaging. Néanmoins, j’ai fait mes études à Limoges et j’ai donc un rapport affectif à la ville et à la porcelaine. Avec Mary, a longuement discuté, des tas d’idées sont apparues mais on a conservé celle de montrer Paris. Pour autant, je n’imaginais pas dessiner des tours Eiffel ou des Arc de Triomphe… Nous avons donc décidé de créer une galerie de portraits de Parisiens « tordus ». J’ai débuté par Serge Gainsbourg, une évidence pour moi. J’ai bordé les tasses et assiettes d’une frise de touches de piano. Puis sont venus Saint Laurent et ses ciseaux, Françoise Sagan et sa machine à écrire, Marie-Antoinette et ses macarons… Nous avons commencé avec des assiettes en deux tailles et un service à café mais nous aimerions désormais les décliner en bol, assiette creuse et introduire de nouveaux personnages dans les prochains mois…
Quelles difficultés a posé cette expérience nouvelle pour vous ?
La porcelaine n’est pas facile à appréhender à cause de sa brillance, j’ai donc dû adapter mes dessins à ce rendu et aux techniques de fabrication. Il a fallu épurer mon trait au maximum, éliminer des détails… et j’ai adoré ! J’ai hâte de poursuivre cette aventure…