Vous avez déjà participé à plusieurs jurys de design, mais est-ce la première fois que vous en présidez un ? En quoi est-ce différent ?
Non, je l’ai déjà fait pour l’association ADI en Espagne, qui délivre l’équivalent du Compasso d’Oro. À la Villa Noailles, la voix du président ne compte pas double. J’ai voulu orienter la présélection vers les candidats dont la vision porte davantage sur le design de série que sur la pièce unique.
Comment avez-vous choisi les membres de votre jury ?
Ceux que j’ai pu sélectionner ont un véritable lien avec la production en série : de la moyenne série à l’industrielle. Car c’est ce que je fais et ce qui m’intéresse. Massimo Orsini dirige Mutina, une entreprise de carrelage qui se passionne autant pour le carrelage artisanal que pour l’industriel. Patrizia Vicenzi pilote Luceplan, une société de luminaires, un univers extrêmement concurrentiel et technique. Nora Fehlbaum est à la tête de Vitra, et Chris Martin, après avoir travaillé chez Ikea, a créé en Suède une entreprise de mobilier qu’il dessine et distribue. Enfin, Laurence Brabant est une designer que j’aime beaucoup : elle fabrique et distribue ses collections de pièces en verre. Ce sont des gens qui connaissent les contraintes techniques et économiques liées au design de série.
Quel regard portez-vous sur ce concours ?
En France, il n’y a pas beaucoup d’entreprises avec lesquelles débuter ou collaborer. Heureusement que la Villa Noailles et la Design Parade sont là et permettent de faire émerger de jeunes personnalités.
Quatre diplômés de l’Ensci figurent parmi les dix candidats. Vous-même êtes sortie de cette école. Cela ne vous a-t-il pas influencée ?
Au contraire, j’ai plutôt tendance à fuir les candidats de l’Ensci, dont la pensée moralisatrice a été très pesante pour moi ! C’est un concours français, il est normal que la proportion de candidats en provenance de cette école soit dominante.
Quels conseils avez-vous donné ?
Je n’ai pas encore rencontré les candidats, puisque la présélection se fait sur dossier. Mon conseil en général est : peu importe si on a confiance en soi ou pas, ce qu’il faut se demander, c’est si on veut en être ou pas.
Un mot sur votre exposition « Tutti Frutti » que l’on pourra voir cet été à la Villa Noailles ?
« Tutti Frutti » montre essentiellement des objets manufacturés par de petites et moyennes entreprises. L’exposition mêle les études préalables aux pièces réalisées depuis plus de quinze ans. Croquis flous, dessins précis, maquettes approximatives ou rigoureuses jouxtent les meubles, lampes, tapis, textiles et autres produits conçus pour des sociétés italiennes, scandinaves et françaises.