Souvenez-vous… 2009 : l’Islande est terrassée par une grave crise économique. Heureusement, une devise populaire affirme que « tout finit par s’arranger ! » Halla Helgadóttir, directrice de l’Iceland Design Centre, y croit et crée un festival de design : « Nous avons lancé DesignMarch au creux de la vague, dans un contexte difficile, mais avec un message positif : le secteur créatif est dynamique, il faut lui donner plus de visibilité, susciter des interactions entre les créateurs, les institutions, les distributeurs, le grand public et les lieux qui comptent tels que musées, galeries et boutiques. Finalement, c’était le bon moment ! La crise nous a incités à nous concentrer sur nos forces. » DesignMarch célèbre cette année encore le meilleur de la créativité islandaise dans toute sa diversité, du design produit au graphisme en passant par la mode, le mobilier et l’architecture. Et dans toute sa singularité : « Le design islandais est encore jeune, expérimental et plus proche de l’artisanat et de la nature que de l’industrie, qui se limite chez nous au bois, à la laine et au poisson », explique Harpa Pórsdóttir, la directrice du Museum of Design and Applied Art.
Pendant quatre jours, Reykjavík vibre au rythme d’une centaine de conférences, expositions, installations, performances et défilés. Bien que le long hiver nordique n’ait pas dit son dernier mot, les rues bordées de maisons aux toits colorés sont animées par le ballet des visiteurs (30 000 pour 120 000 habitants !) qui enchaînent les adresses estampillées DesignMarch. Le temps fort ? Les DesignTalks, une série d’interventions de personnalités qui font toujours salle comble, avec comme thème cette année « l’innovation par le design ». Lors des éditions précédentes, l’architecte danois Bjarke Ingels, de l’agence BIG, le styliste américain Calvin Klein ou encore le designer catalan Martí Guixé avaient répondu présent. Ce casting de rêve s’était réuni dans l’impressionnante salle de conférences et de concerts Harpa, signée des Danois de Henning Larsen Architects et repérable de loin à sa façade étincelante, œuvre du plasticien d’origine islandaise Olafur Eliasson. Cet immense palais de verre et d’acier posé sur le port est devenu l’emblème d’une capitale géographiquement isolée mais résolument ouverte sur le monde.