La toute première version du surprenant tabouret Mezzadro a été présentée à la Triennale de Milan de 1954, dans le cadre d’une exposition sur l’art et la production. Achille et Pier Giacomo Castiglioni l’exposent de nouveau en 1957, dans sa version définitive, à la Villa Olmo à Côme, mais il faudra attendre 1970 pour que ce tabouret à l’ironie mordant volontairement sur le ready-made soit produit. Même à cette époque, il surprenait. Même au Bauhaus, toujours cité comme référence de la modernité, personne n’aurait fait un siège à partir d’un objet aussi industriel. Un tube d’acier façon bicyclette, d’accord, mais une selle de tracteur ! Le designer néerlandais Gerrit Rietveldt, auteur d’assises manifestes devenues cultes, n’a jamais osé partir d’un objet aussi trivial.
En 1957, il n’y avait qu’à la campagne que ce type de siège était imaginable. Mezzadro signifie d’ailleurs « métayer ». Pour faire tenir ce siège comme en suspension dans l’air, les frères Castiglioni l’ont combiné à un pied en acier chromé en porte-à-faux et une base en hêtre pour le maintenir au sol. Assise, maintien et stabilisation : trois fonctions séparées incarnées par des éléments reliés entre eux pour former un objet à la fois continu et discontinu. Pour faire un Mezzadro, il n’est besoin que de dix pièces, pas plus.
Souvent vu en rouge, le tabouret existe aussi dans des finitions aluminium en d’autres couleurs. Il fallait un éditeur prêt à prendre des risques pour un tel produit, ce fut Zanotta. Les Castiglioni lui ont également concocté Sella, une selle de vélo plantée sur un mat, lui-même fiché dans une demi-sphère. On y tient bien, mais ça balance gentiment…
La gourmandise d’Aurelio Zanotta pour les projets de design goûteux, comme le Sacco de Cesare Paolini, Franco Teodoro et Piero de Gatti, devenu best-seller, participe toujours de l’esprit partagé par ses enfants, aujourd’hui aux commandes de la société. Un esprit maison complété par une exigence toujours plus marquée en matière de qualité.