Ce n’est pas la presse qui a fait du Citron un meuble culte, ce sont ses designers. Dirk Jan Rol (1929-) et Janine Abraham (1929-2005) ont ainsi baptisé leur siège en rotin façon fruit. Mélangeant les matières de façon insolite, ce siège repose sur un pied d’acier ou d’Inox. En 1957, le Citron était fabriqué de façon confidentielle, « à la commande par le fabricant Rougier », nous précise Dirk Jan Rol. L’éditeur a même financé le stand d’Abraham et Rol au Salon des arts ménagers de 1958. En écoutant Dirk Jan Rol, on découvre que le Citron est devenu culte de façon étrange, avec le retour en grâce du rotin, matériau fétiche du couple. Quant à ses lignes organiques, singulières au moment de sa création, elles apparaissent aujourd’hui comme une évidence…
Ni Rol ni Abraham n’ont jamais su combien il s’en est vendu. « On ne touchait pas d’argent là-dessus. On dessinait dans notre coin parce que ça nous faisait plaisir. » Pour vivre, Rol et Abraham concevaient des aménagements et des présentations de mobilier contemporain dans des magasins. Quand La Maison française publie en 1973 des photos de la maison de Meudon de Dirk Jan Rol et Janine Abraham, lui devient architecte agréé. Mais les revues spécialisées le boudent. Dirk a construit une cinquantaine de bâtiments, pour Conforama notamment. Il a connu les expositions de mobilier du designer Pascal Mourgue où pas un siège ne se vendait. Trop moderne… En France, le rotin s’effondre dans les seventies avec l’irruption de l’offre venue d’Asie. Même les terrasses de café succombent. Heureusement, avec le retour du mobilier fifties, le matériau revient sur le devant de la scène. Le grand public redécouvre alors qu’Abraham & Rol furent en France les premiers à vouloir lui donner des lignes contemporaines.
Cet été, la Villa Noailles rend hommage à Janine Abraham et Dirk-Jan Rol dans une vaste exposition rétrospective, qui met en scène leur amour du rotin mais aussi leur mobilier incroyable de modernité.
> Fauteuil Citron, 1 397 € chez Portobello.
> Villa Noailles, Montée de Noailles, 83400 Hyères. Jusqu’au 29 septembre.
