La chaise How to Marry a Millionaire exsude le classicisme mais sans révéler ses influences… On l’imaginerait bien au château de Groussay de Charles Beistegui, la grande référence des décorateurs épris de mise en scène. En fait, c’est tout simplement une chaise américaine des années 50. Elle apparaît dans le premier film réalisé en Cinémascope, How to Marry a Millionaire, tourné par Jean Negulesco en 1953. Lauren Bacall, Marylin Monroe et Betty Grable y jouent le rôle de trois mannequins qui louent un grand appartement à Manhattan pour y ferrer un mari fortuné. Elles rencontreront l’amour après quelques péripéties.
Dans l’appartement, les seuls objets qui résistent à la mise au clou sont ces chaises signées T.H. Robsjohn-Gibbings. Peter Dunham, fondateur de la maison de décoration Hollywood at Home à Los Angeles, a décidé de rééditer cette élégante chaise en bois et paille. Il la décline désormais en plusieurs versions, dont une avec accoudoirs et une autre en teck, pour l’outdoor. Un coussin est également disponible.
T.H. Robsjohn-Gibbings (1905‑1976), grand nom du design américain du milieu du XXe siècle, est né en Angleterre, où il a étudié l’architecture. Étudiant dans les années 30, il tombe en arrêt devant le mobilier qu’il a observé sur les céramiques grecques anciennes lors d’une visite au British Museum. Après cette visite fondatrice, il fonde une démarche originale : imaginer des objets contemporains à partir de références classiques. Ayant travaillé sur les décors de paquebots transatlantiques, le lifestyle américain mâtiné d’Europe lui parle. Il arrive à Manhattan en 1936 et y ouvre un showroom sur Madison Avenue. Il travaille ensuite pour le décorateur Charles J. Duveen et sa clientèle huppée. De la guerre au milieu des années 50, il crée du mobilier pour Widdicomb. En 1966, il finit par s’établir à Athènes. Ses dernières créations seront pour l’éditeur de mobilier grec Saridis. Dans les eighties, il fait sensation quand le mobilier dessiné pour la villa de 200 pièces des années 30 d’Hilda Boldt Weber, à Bel-Air, refait surface lors d’une vente aux enchères. A la faveur de cette vente et de la réédition de cette chaise, T. H. Robsjohn-Gibbings revient aujourd’hui peu à peu sur le devant de la scène…