Avec ses lignes épurées et ses proportions accueillantes, le fauteuil Slow des frères Bouroullec pourrait presque passer pour un fauteuil lounge des années 50. Un archétype aux formes enveloppantes, dont les deux designers revisitent néanmoins l’esthétique de fond en comble lorsqu’ils imaginent cette assise en 2006 pour Vitra. Pour leur retour chez l’éditeur suisse après avoir signé les bureaux Joyn et les rideaux modulaires Algues, Ronan et Erwan Bouroullec s’attaquent aux sempiternelles rembourrages et aux coussins massifs qui habillent traditionnellement les fauteuils de salon. Avec Slow, place à la transparence et à la légèreté !
Si la silhouette est gracile, pas question de rogner sur le confort pour autant. L’ergonomie est définitivement à l’honneur grâce à l’usage innovant d’un textile à la fois souple et résistant, avec ses 2 millimètres d’épaisseur et une maille finement ajourée. « L’origine du fauteuil Slow provient d’une fascination pour le textile en tricot. Nous attendions beaucoup de ce matériau, de ces performances, à la fois en termes de souplesse et de maintien. Nous avions l’intuition que ce type de textile pourrait supporter le corps tout en l’épousant avec subtilité. Ici, forme et matériau sont vraiment liés l’un à l’autre », expliquent les designers lors du lancement du fauteuil.
Enfilée à la manière d’un bas de nylon sur une structure tubulaire, la membrane de jersey est créée d’un seul tenant. Elle laisse circuler la vue et la lumière, tout en égalant les qualités des meilleurs rembourrages. Disposés en complément au niveau de l’assise et du dossier, des coussins viennent toutefois accentuer la sensation de confort, tandis qu’un ottoman décline le principe de mise en tension du textile. Par ce procédé, Ronan et Erwan Bouroullec cherchent à exploiter au mieux le potentiel du tissu. Une ambition qu’il n’ont de cesse d’appliquer à tous les matériaux depuis la création de leur studio parisien en 1999.
Porté par son succès – et des pieds en aluminium ! –, le fauteuil Slow s’offre en 2014 une nouvelle finition, avec un textile mêlant des fils cyans et verts pour un rendu vaguement irisé, qui évolue en même temps que le regard se déplace. Ainsi disponible en cinq combinaisons de couleurs, le fauteuil n’est pas la seule assise de la fratrie à jouer avec la transparence. En 2005, des lattes de polyamide translucide agrémentent les chaise Striped éditées par Magis. Quant aux chaises Stampa dessinées pour le spécialiste espagnol de l’outdoor Kettal, elles arborent depuis 2015 des micro-perforations dans leurs dossiers en aluminium.
A l’opposé des rembourrages opulents employés pour le canapé Ploum de Ligne Roset ou, plus récemment, pour le sofa Cotone de Cassina, Slow témoigne toutefois de la même vision contemporaine, épurée et fonctionnelle qui a fait le succès des frères Bouroullec. A nouveau, le fauteuil tire un trait sur les formes ostentatoires et les effets décoratifs gratuits. Comme pour incarner la plus belle définition de l’élégance…