Icône : Avec la Diabolo (1998), Castiglioni jongle avec la lumière

IDEAT vous raconte l'histoire de la suspension Diabolo d'Achille Castiglioni (Flos, 1998), un dessin minimaliste qui s'inspire d'un de ses plaisirs secrets…

«Mon père était vraiment, vraiment, fort en diabolo… », se souvient Giovanna Castiglioni, la fille du légendaire designer italien (1918-2002). Voilà sans doute pourquoi son père a livré à Flos en 1998 une suspension ajustable en aluminium laqué, qu’il baptise du nom de ce jeu qui lui était si cher. Dérivé d’un objet venu de Chine, deux éléments y entrent en interaction : une pièce en forme de sablier et une autre composée de deux bâtons reliés par une ficelle. L’élégance du geste du jongleur, qui maintient en équilibre le diabolo grâce à sa rotation rapide, se retrouve au sein de la suspension d’Achille Castiglioni.

Un design sous le signe du jeu

Diabolo est donc composé de deux cônes, comprenant l’un la source lumineuse et,  l’autre, celui fixé au plafond, le câble et un mécanisme de poulie. Pour le designer, l’objectif était de faire ressortir le mouvement d’allers-retours du jongleur à travers cette suspension. Castiglioni permet en effet à l’utilisateur d’ajuster la hauteur de l’ampoule à sa guise en allongeant ou en raccourcissant la distance entre les deux cônes (de 95 cm à 240 cm) via le système de poulie. Ce qui définit cet objet de design, c’est donc le mouvement effectué par la lumière, entre l’éclairage général quand elle est en position haute et le focus lumineux au fur et à mesure que l’on déroule sa poulie vers un objet.

Il réalise les premiers prototypes en papier puis en carton puis donne naissance en usine à la version originelle en aluminium laqué blanc. Dès sa sortie, la Diabolo trouve d’emblée son public. Toutefois, après seulement cinq années de commercialisation, sa production est stoppée en raison de problèmes industriels liés au système de poulie.

Cet automne, Flos a décidé de la rééditer en retravaillant cette mécanique désormais bien huilée et avec de nouvelles couleurs originales, rouge cerise et brun castor, deux teintes très présentes dans le travail de poterie de Castiglioni. Bien que le dessin ait été légèrement modifié, l’identité du luminaire demeure intacte…

L’univers Castiglioni

Dès les années 1950, Achille Castiglioni et son frère Pier Giacomo ont commencé à travailler sur des lampes aux formes coniques. On en trouve par exemple dans leur atelier, des modèles aujourd’hui réunis dans la salle de réunion de l’actuelle Fondation Achille Castiglioni. C’est en accentuant l’angle du cône de ces premières tentatives qu’Achille Castiglioni donna vie à la Diabolo. Quant au système de poulie, on en trouve trace dans des lampes comme la Relemme (1962) et la Splugen Brau (1961), conçus pour deux projets d’aménagement privés où la fratrie aimait disposer côte à côte des lampes à différentes hauteurs. Des recherches au long cours puisqu’elles n’ont abouti que quarante ans plus tard, bien après la disparition de Pier Giamoco…

> La suspension lumineuse Diabolo est en vente à partir de 648 €.

Diabolo se décline désormais en trois coloris : rouge cerise, brun castor et blanc.
Diabolo se décline désormais en trois coloris : rouge cerise, brun castor et blanc.
Image issue du lancement de la Diabolo en 1998.
Image issue du lancement de la Diabolo en 1998. Federico Torra
Toute la mécanique de la suspension est dissimulée.
Toute la mécanique de la suspension est dissimulée. Federico Torra
Croquis de la lampe Diabolo.
Croquis de la lampe Diabolo. DR
Portrait de Achille Castiglioni (à droite) et de son frère Pier Giacomo (1913-1968).
Portrait de Achille Castiglioni (à droite) et de son frère Pier Giacomo (1913-1968). DR