Brach, nouvel opus du groupe Evok Hôtels Collection, posté entre le boulevard Émile-Augier et la rue de la Pompe, se voit clairement porteur d’un « style de vie à Paris ». Puisque aujourd’hui, bar à cocktails, restaurant et spa « brandé » ne suffisent plus à créer l’engouement si convoité, il faut donc repousser les limites, voir plus loin, prendre de la hauteur. À quelques foulées du bois de Boulogne d’un côté et du Trocadéro de l’autre, c’est ici le sport qui prend le contrepied fédérateur. Pas seulement une salle de fitness doublée d’un spa, mais plutôt un club de sport, un vrai, calibré pour un millier de membres chanceux et dont profitent bien sûr les hôtes, avec leur clé de chambre pour sésame.
Un club « colonne vertébrale » qui pratique le sens de l’effort et la santé du corps. Une soixantaine d’appareils carrossés en Italie (Panatta), des tapis de course, des sacs de boxe, un sauna, un hammam, une grotte de sel de l’Himalaya, des coachs individuels et un barbier font le job en sous-sol. Pour la somme de 2 200 € d’abonnement annuel – le pass fitness à la journée tourne autour de 150 € –, certains regretteront sans doute que la lumière du jour ne fasse pas partie du package.
Ici encore se déploient deux bassins (l’un de 22 mètres de long et, dans son prolongement, un autre, carré, de 30 m2, doté de jets et tempéré à 35 °C) pour des séances de relaxation watsu, aquayoga, aquapilates, d’aquabike, aquapole et aquaboxing. Sans oublier une offre de massages prénatals, de naturopathie diététique, de kinésithérapie, le tout personnalisable à souhait. Endorphines en éveil, la chose sportive accomplie, on plonge à nouveau dans l’esprit indus des vestiaires, façon vieille salle de boxe à Brooklyn, avant de remonter à la surface et de pousser la porte du restaurant dans lequel se fond également la pâtisserie (bijoux sucrés signés Yann Brys) et le bar. Situés au rez-de-chaussée et accessibles à tous, ils sont la porte d’entrée dans l’univers du Brach.
Un lieu chaleureux, chromatique, confortable et cultivé où le Starck-système, immédiatement identifiable, reste diablement efficace. Car quel meilleur metteur en scène que Philippe Starck pour porter ce scénario superlatif ? De longs comptoirs rétroéclairés, des canapés et des coussins cubistes, des fauteuils en cuir fauve, des tabourets primitifs, des objets insolites et ces linéaires d’objets et d’ouvrages haut perchés qui peaufinent une toile de fond littéraire. Comme de coutume familiale, Ara Starck a réalisé les frises qui courent telles un conte surréaliste. « Brach n’est pas un hôtel, c’est un lieu de vie et de culture où mystères poétiques et surprises fertiles nourrissent l’imaginaire. Il y règne un romantisme brut et moderniste que réchauffent des influences multiculturelles d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud », peut-on lire dans le dossier de presse citant notre designer national.
La cuisine pilotée par le chef exécutif Adam Bentalha s’inscrit dans une recherche de terroirs baignés de soleil, d’épices délicates, d’odeurs d’ailleurs et de producteurs méditerranéens. Le chef, qui a fait ses armes dans le ventre des palaces parisiens (du Ritz au Prince de Galles en passant par le Shangri-La et le Royal Monceau), sait qu’une cuisine peut être saine et équilibrée sans perdre le goût et la gourmandise. Derrière le comptoir de 20 mètres de long ouvert sur les cuisines (avec leur superbe piano de cuisson Molteni) s’alignent pâtisserie, bar à cocktails, petite épicerie, armoire à légumes, caves à vins et à fromages. Une terrasse couverte d’une vingtaine de tables complète l’offre estivale. Le service se veut pro, précis mais décontracté, vêtu de la tête aux pieds en Coq sportif…
Griffé arts premiers, le lobby, situé au premier étage, est un salon discret qui s’ouvre sur une terrasse arborée à grands frais. Les sept suites (de 60 à 200 m2) de l’hôtel occupent les deux derniers étages, leur terrasse disposant de bain norvégien ou même de plancha, ce qui leur donne aussi le privilège de profiter du très confidentiel potager en rooftop déjà foisonnant d’aromates, de fraises, de tomates… où auront lieu des ateliers champêtres sur mesure.
Notons qu’avec une vue à 360° sur les toits de Paris et la tour Eiffel, les véritables poules (de luxe !) du Brach nommées Églantine, Suzie et Bérénice, sont parmi les plus choyées au monde. Dans les étages inférieurs, 52 chambres (de 24 à 42 m2) conjuguent la noblesse des matériaux (palissandre, marbre brut, linge brodé…) et le sens de la perspective parisienne.
Evok, qui réussit là un joli coup, ne s’arrête pas en si bon chemin. Après le luxe haute couture du Nolinski (Paris Ier) et le charme montagnard exclusif du Hameau de la Volière (à Courchevel), le groupe fondé par Pierre Bastid, Romain Yzerman et Emmanuel Sauvage – qui possède également l’étoilé Restaurant du Palais-Royal – entend étoffer son portefeuille hôtelier grâce aux appartements de la Cour des Vosges et à l’esprit décalé du Sinner, tous deux dans le Marais, à Paris. Encore de belles histoires à suivre de près.
> Brach Paris. 1-7, rue Jean-Richepin, 75016 Paris. Tél. : 01 44 30 10 00.