Bercé de saveurs chinoises et de kebabs hallal, le quartier de Belleville incarne le melting-pot parisien comme aucun autre. Désorganisé de petites ruelles charmantes et de grosses artères bruyantes, il est désormais le théâtre de nombreuses initiatives indépendantes, tantôt écolo, tantôt bobo, voire les deux à la fois, qui donnent au pavé une saveur unique. Au milieu de tout ça, niché sur une placette arborée l’hôtel Babel vient tout juste d’ouvrir ses portes.
Ici et ailleurs
L’hôtel Babel est un carrefour d’inspirations. Profondément ancré dans son quartier mais avec la tête dans les nuages, il s’appuie sur l’ailleurs pour faire résonner ses valeurs. Portée par Joris Bruneel, hôtelier confirmé, et Clarie Feral-Akram, cheffe franco-afghane formée à l’Ecole Ferrandi, l’adresse est une ode au voyage qui n’en n’oublie pas d’où elle vient. « Nous avons rêvé d’un lieu qui soit à la fois le reflet de nos valeurs et de celles de tout un quartier… Une maison pour tous, un sanctuaire qui ait du sens et donne la force de croire encore au vivre ensemble. »
Ce multiculturalisme imprègne chaque centimètre carré. En commençant par l’accueil et le service, assuré majoritairement par des gens du quartier ou des personnes en situation de réinsertion, jusqu’aux cuisines qui, bien que logiquement menée par la cofondatrice des lieux, invitera en résidence des chefs internationaux issus du Refugee Food Festival, un rassemblement citoyen qui met chaque année en lumière des talents réfugiés. Ainsi, les saveurs levantines seront régulièrement contrebalancées par des cuisines d’ailleurs afin de surprendre sans cesse.
Sans surprise, la décoration de l’hôtel Babel suit le même chemin. Mis en scène par Daphné Desjeux, les 31 clés et le restaurant convoquent un Orient fantasmé, où la poésie du Magreb se conjugue sous le soleil de La Havane avec un soupçon de pragmatisme.
Daphné Desjeux signe la décoration de l’hôtel Babel
L’hospitalité moderne aime se présenter sous des traits familiers. Pas d’opulence, taille humaine, décor chaleureux dressé autour de moquettes, de bois et de bibelots chinés. Si Babel s’inscrit clairement dans cette mouvance, il tire aussi son épingle du jeu en poussant le curseur jusqu’à l’incarnation des souvenirs de ses patrons. Tandis que la culture afghane de Clarie Feral-Akram imprègne l’atmosphère, les voyages immortalisés par les amis de Joris, eux, animent les murs des espaces communs et des chambres.
Depuis l’ascenseur vitré, les quatre étages du bâtiment défilent et révèlent le dessin à l’encre de Chine d’une Tour de Babel réinterprétée par l’artiste Juliette Seban. Il conduit aux 31 chambres. Habillés selon l’un des trois coloramas définis par Daphné Desjeux et réalisés par Rosatelier (ocre, terracotta ou menthe — autant de couleurs évocatrices du voyage), ces cocons de poche affichent une décoration empreinte d’une âme vagabonde qui s’illustre… jusqu’aux commodités !
Couloirs feutrés, lumière tamisée, frises en bois sculptés, soubassement en tissu de fibres naturelles… L’architecte d’intérieur a imaginé l’hôtel Babel tout en volupté, comme un espace dédié au plaisir des sens où les mains baladeuses seront les bienvenues pour sentir le grain de la patine d’un mur ou les rugosités d’une lampe façonnée à la main par un artisan du quartier.
> Hôtel Babel. 3 Rue Lemon, 75020 Paris. Réservations.