Guide : Vallauris, capitale du renouveau de la céramique

La 25e biennale de Vallauris présente un florilège des meilleurs céramistes contemporains et signe le renouveau de ce matériau grâce à une nouvelle génération de créateurs. Un événement qui se déploie dans toute la ville…

La curiosité de Picasso ne résiste pas longtemps lorsqu’il rencontre en 1946 Suzanne et Georges Ramié. Propriétaire de Madoura, une fabrique de céramique installée à Vallauris, le couple invite l’artiste à venir y façonner des œuvres. Fasciné par ce matériau, Picasso s’établira dans cette ville de la Côte d’Azur entre 1948 et 1955 mais poursuivra bien après sa collaboration avec les potiers, dans une volonté de démocratiser son travail. C’est aussi à cette époque que Roger Capron s’installe à Vallauris et participe à sa renaissance en modernisant cet art du feu…

Si le style de ces artistes est ensuite tombé en désuétude à la fin du siècle, arpenter aujourd’hui les rues de la ville à l’occasion de sa 25e biennale de la céramique, c’est constater l’incroyable vivacité qui renaît à Vallauris. Dans les rues, les ateliers se succèdent : les tasses en grès de Laurène Jeannette de facture néo-rustique, Polena céramique aux lignes plus cubistes tandis qu’Elise Stoppani et son atelier la Poudre jouent sur les textures, les rugosités…

Créations de Laurène Jeannette.
Créations de Laurène Jeannette. Photo DR

Après ces néo-artisans locaux, l’air de la créativité se respire dans les espaces d’exposition de la biennale. Le designer hollandais Olivier van Herpt montre à l’espace Grandjean ses œuvres fabriquées en 3D dans l’exposition « Singularités évocatrices ». Diplômé d’Eindhoven, il a développé une imprimante 3D qui lui permet de fabriquer de grands vases à l’allure organique, créant une nouvelle esthétique à la fois industrielle et sensuelle.

Intérieur d’une création en céramique imprimée 3D d’Olivier van Herpt.
Intérieur d’une création en céramique imprimée 3D d’Olivier van Herpt. Photo DR

C’est dans cette optique de rapprocher les jeunes générations à la matière que Jean-François Dingjian a embarqué avec lui quatre étudiants de l’école de design parisienne ENSCI. « Nous avons engagé une relation primaire avec la matière. Souvent, nos étudiants sont formés à l’outil 3D. J’ai souhaité confronter l’idée du designer à la main de l’artisan avec le formidable Claude Aïello », détaille le designer et professeur en charge du projet. Parmi les objets d’une grande puissance plastique réalisés en un temps record, la série « Trauma » d’Ulysse Bouët : « J’ai voulu étudier la plasticité de la terre, comment elle réagit, se déforme, sous l’effet de gestes précis », explique l’étudiant. Egalement exposés au musée Magnelli, les boules Quiès géantes de Simon Geneste ou le service de table de Clémence Valade, qui détourne habilement ces artefacts.

Etudiant à l’ENSCI, Ulysse Bouët a exploré les propriétés plastiques de l’argile avec Claude Aiello.
Etudiant à l’ENSCI, Ulysse Bouët a exploré les propriétés plastiques de l’argile avec Claude Aiello. Photo DR

Il faut enfin arpenter les salles du musée pour découvrir la cinquantaine d’œuvres sélectionnées pour le concours international et pour boucler la boucle, finir par une visite des œuvres de Picasso, également exposées dans le musée, et inépuisable source d’inspiration pour tous ceux qui se frottent à la terre…

> 25e biennale de Vallauris (Alpes Maritimes). Jusqu’au 4 novembre.

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