Un tapis pour éduquer
L’histoire de CC-tapis est jalonnée de rencontres, mais elle est aussi emplie de bienveillance. Pierre-Yves Helven, l’agent de la marque pour la France, incite un jour Jean-Marie Massaud à rencontrer Fabrizio Cantoni, convaincu qu’un intérêt mutuel existe. « Je l’ai trouvé solaire, spontané, sympathique, mais je n’étais pas dans l’optique d’une collaboration, confie Jean-Marie Massaud. Puis, nous nous sommes revus et j’ai compris l’esprit de CC-for education. Le projet m’intéressait et j’ai accepté d’imaginer un tapis, à condition que tous les droits aillent à l’association. » Ainsi naît Parvata, qui signifie montagne en népalais.
Ce tapis de 230 x 300 cm est fabriqué en six exemplaires. Il est entièrement en soie, orné d’une bordure de lin et d’une bague plaquée or, signée et numérotée. Pour le dessin, Jean-Marie Massaud s’inspire des gemmes. « Je ne suis pas dans une approche décorative, donc je n’imaginais pas réaliser un tapis à motifs. J’ai voulu reproduire la profondeur et la translucidité d’une pierre que l’on aurait tranchée, comme une agate ou un marbre. La soie et la technique de nouage utilisées devaient le permettre, mais les premiers essais n’étaient pas convaincants. » Débuté en février 2018, le tapis a été achevé en janvier 2019, après de nombreux tests. « Il a été difficile de reproduire avec fidélité ce que Jean-Marie avait en tête, confirme Nelcya Chamszadeh. Son niveau d’exigence est élevé mais juste. »
Pour ce projet hors norme, décliné en parallèle dans une version plus abordable, CC-tapis a changé son mode de fonctionnement. « Je rêvais d’emmener un designer sur place, poursuit la cofondatrice. Profitant de ce projet exceptionnel, nous avons proposé à Jean-Marie un voyage de six jours au Népal. C’est là-bas que nous sommes rencontrés pour la première fois. » Le designer y visite les ateliers, discute avec les artisans et observe avec intérêt leurs techniques et leur savoir-faire. Car un tapis peut compter jusqu’à 232 000 nœuds au mètre carré – 125 000 dans le cas de Parvata. Toutes les étapes, depuis le filage de la laine, le nouage, la teinte, jusqu’au rinçage à l’eau de pluie, se déroulent sans aucune machine. « Il en va de même pour les couleurs, indique Nelcya. Nous envoyons des coloris Pantone et les artisans les retranscrivent à l’œil, pour un résultat parfait ! » Le séjour permet aussi d’échanger avec les enfants soutenus par CC-for education.