Le 14 août 2018, le pont Morandi s’effondrait à Gênes, provoquant la mort de 43 personnes. Enfant du pays, Renzo Piano, 82 ans, avait immédiatement proposé ses services pour reconstruire gracieusement cet ouvrage d’art emblématique qui, long de 1 182 mètres, avait été construit dans les années 60 pour permettre à l’autoroute A10 de franchir le val Polcevera. « Le nouveau pont doit être simple et direct, mais pas ordinaire. Il ressemblera à un navire amarré dans la vallée ; un pont en acier clair et brillant, un pont sobre, respectant le caractère des Génois », avait annoncé l’architecte.
Moins de deux ans plus tard, c’est chose faite : un délai record pour cette démolition-reconstruction d’envergure dont le dernier tronçon a été achevé le 28 avril 2020. Malgré la crise sanitaire, le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, avait fait le déplacement pour saluer la prouesse architecturale. De l’ancien ouvrage haubané, pour le moins pataud, il ne reste plus rien ! En lieu et place, Renzo Piano a imaginé un pont tout en finesse et en élégance, qui reflète la lumière crue de la côte ligure. D’une longueur de 1 067 mètres, l’édifice est supporté par 18 piliers d’une hauteur d’environ 40 mètres.
Pour relever le défi de ce chantier hors normes, les ouvriers se sont succédé 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Éminemment symbolique, ce nouveau viaduc entraîne dans son sillage de nombreux projets de régénération urbaine, économique et sociale. Un parc public sera notamment créé ; à travers un mémorial, il rendra hommage aux victimes de l’effondrement et contribuera à restaurer l’écosystème naturel fragile du val Polcevera. L’inauguration officielle du pont par le Président de la République italienne Sergio Mattarella, a eu lieu ce lundi 3 août 2020. A cette occasion, on lui a trouvé un nouveau nom de baptême : San Giorgio !