Orgueil par Friedmann & Versace, un restaurant tout sauf vaniteux

C'est avec beaucoup d'humour et d'élégance que le restaurant inaugural du chef Eloi Spinnler a élu domicile dans le 11e arrondissement de Paris, mis en scène par le duo Friedmann & Versace.

D’emblée, on nous rassure « « Orgueil », c’est pour le clin d’œil, ce n’est vraiment pas une philosophie ! » Le chef Eloi Spinnler qui a insisté pour donner ce nom au restaurant. « Les chefs sont souvent orgueilleux » sourit-il. Il revenait ensuite au duo d’architectes Friedmann & Versace de jouer les équilibristes afin de traduire ce pied-de-nez sans tomber dans… la vanité.

A rebours

La table cachée du restaurant Orgueil permet au chef d’illustrer ses talents dans la réutilisation des chutes de ses ingrédients.
La table cachée du restaurant Orgueil permet au chef d’illustrer ses talents dans la réutilisation des chutes de ses ingrédients. Albin Durand

Il a fait ses armes dans de prestigieuses maisons : du Plaza Athénée à La Tour d’Argent, son CV est jalonné de belles adresses. Mais l’objectif d’un chef n’est-il pas d’ouvrir sa propre maison ? Pas par orgueil… mais pour proposer au public sa propre vision de la cuisine. Pour Eloi Spinnler, c’est chose faite.

Le restaurant Orgueil s’articule en deux espaces : un bistrot et un speakeasy gourmand. La première partie occupe les trois quarts du lieu, Eloi Spinnler y sert une carte de saison, travaillée pour réutiliser les déchets. Au fond du restaurant, jouxtant sa cuisine, la table se planque derrière un miroir sans teint effet Alice au Pays des Merveilles : une expérience privilégiée, rythmée par les envies … et surtout les « restes » des aliments proposés dans la partie bistrot, sublimés pour créer un menu en plusieurs étapes.

Un décor onirique Friedmann & Versace

On remarque au restaurant Orgueil le mariage du bois, du marbre, du tissu précieux et du végétal.
On remarque au restaurant Orgueil le mariage du bois, du marbre, du tissu précieux et du végétal. Albin Durand

Virginie Friedmann et Delphine Versace ont, en une poignée d’années, imposé leur style flamboyant, notamment à Paris. Des restaurants Bambini (Paris et Megève) à des réalisations pour des boutiques, la conjugaison couleur-matière-détail rend leurs décors reconnaissables entre mille.

Pour le restaurant Orgueil, le duo n’a pas fait exception à son code d’honneur. Chic mais pas ostentatoire, le décor de cette adresse du 11e arrondissement de Paris flatte la cuisine de son chef plutôt que de lui voler la vedette. Pour contre-balancer son nom imposant, il joue le jeu et le raille. Par exemple, on retrouve aux murs de fières têtes de lion, symbole absolu de l’orgueil, alors que le plafond se pare d’une fresque naïve de Elsa Blondeaux reprenant des figures mythologiques comme celles d’Icare ou de Tantale.

Un bestiaire symboliste a pris ses quartiers chez Orgueil, sur les murs comme au plafond… et même sur la vaisselle !
Un bestiaire symboliste a pris ses quartiers chez Orgueil, sur les murs comme au plafond… et même sur la vaisselle ! Alexandre Tabaste

Le mobilier, dessiné sur mesure, incarne la philosophie des lieux. De l’élégance discrète du travertin sur les tables à la candeur du terrazzo au sol, en passant par le remarquable panneautage en bois de cèdre US sur le bar et les murs, l’aménagement et la décoration du restaurant Orgueil en traduit la dénomination avec humour et subtilité.

> Restaurant Orgueil. 6 Rue Popincourt, 75011 Paris. Réservations.