Se confronter à toutes les échelles
Il ouvre son agence en 2006, à Paris, après quelques années formatrices chez AS.Architecture-Studio, mastodonte de la discipline. « J’y ai tout appris, même si ça n’a jamais été ma sensibilité architecturale. » Après avoir travaillé sur des projets XXL chez AS, il se confronte à une échelle plus modeste, notamment pour Bali Barret – aujourd’hui directrice artistique chez Hermès –, l’amie qui lui a donné l’occasion de mettre un pied dans la mode.
À Tokyo, il réalise la première boutique de la styliste, le Red Bunker, dans le quartier Shibuya. « Prenant le contrepied des constructions légères japonaises, le projet introduit la notion de greffe, avec un archétype de l’architecture militaire. » Ce bunker en béton rouge lui vaudra de nombreuses publications. S’ensuit une collaboration au long cours avec Isabel Marant : son siège social à l’ambiance de loft industriel, à Paris, des boutiques un peu partout dans le monde (Los Angeles, San Francisco, Dubai…) et même du mobilier. Son savoir-faire en la matière porte ses fruits. « Comme pour l’adresse d’un dentiste, c’est le bouche-à-oreille qui fonctionne ! » sourit-il.
Le concept des nouvelles boutiques Lacoste, celle de John Galliano dans le Marais, le restaurant Holiday Café à l’image du magazine éponyme made in USA, le restaurant Blend dans l’esprit des diners américains où il a tout dessiné jusque dans les moindres détails… « L’architecture d’intérieur fait partie de mon ADN. C’est un laboratoire de recherche perpétuelle. »
Contextuels avant tout, ses projets poursuivent un dessein commun : « Le plaisir que peut procurer l’architecture par rapport à une situation donnée », mais aussi une écriture claire et intuitive, une efficacité héritée d’un service militaire effectué en 2001-2002 comme architecte pour le ministère des Finances. « J’ai construit des bâtiments pour eux alors que je n’avais aucune expérience ! » De quoi se déniaiser et ne plus craindre de sauter dans le vide sans parachute. Ce sens de l’efficience se traduit par la volonté de ne pas céder au caprice architectural ou au formalisme de circonstance : « Je ne fais jamais rien de gratuit », affirme-t-il.
De ses études, Franklin Azzi garde le souvenir intact de l’enseignement singulier dispensé par l’urbaniste et philosophe Paul Virilio, qui a imprimé au fer blanc sa méthode de travail. Architecture intérieure, réhabilitation de lieux chargés d’histoire, réalisations de bâtiments, design, expositions d’artistes dans son agence, rien ne l’effraie. Tout est curiosité. « Je suis intéressé autant par le grand luxe que par la culture populaire. Je n’ai aucune envie d’être spécialisé dans un domaine. »