De la peinture aux grandes tapisseries contemporaines, l’art prend des formes multiples et surprenantes. À Toulouse, Mickalene Thomas explore depuis des décennies les questions de genre et d’identité à travers des portraits de femmes somptueux, où motifs, couleurs et strass subliment la puissance et la vulnérabilité. À Tours, Koen Taselaar réinterprète la tapisserie médiévale L’Apocalypse pour créer une œuvre monumentale, peuplée de créatures fantastiques et d’un humour noir, qui résonne avec nos angoisses contemporaines. Deux regards singuliers, deux manières de raconter le monde à travers des images et des couleurs.
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1 – Portraits de femmes
Peintures, collage, photographie… l’œuvre figurative de Mickalene Thomas est protéiforme. Née en 1971 dans le New Jersey (États-Unis), l’artiste interroge depuis plus de deux décennies les notions de genre et d’identité qu’elle confronte aux canons instaurés par l’histoire de l’art et de la culture populaire.

Résultat : des portraits majestueux de femmes, toujours rehaussés de motifs colorés et de strass, posant à la manière des modèles de Manet, de Matisse ou des actrices de la blaxploitation des années 1970. Ces corps noirs, oubliés par les institutions culturelles et les systèmes de représentation occidentaux, sont ainsi rendus visibles dans leur puissance et leur vulnérabilité. En témoignent ceux présentés dans cette exposition, intitulée « All About Love », en référence à l’un des livres emblématiques de la militante féministe Bell Hooks.
> « ALL ABOUT LOVE ». Aux Abattoirs, 76, allée Charles-de-Fitte, 31300 Toulouse, jusqu’au 9 novembre. Lesabattoirs.org
2 – Parade infernale
Koen Taselaar se décrit comme un « omnivore visuel». Et cette fois, c’est la célèbre tenture du XIVe siècle, L’Apocalypse, qui a nourri l’artiste néerlandais. Il a ainsi créé une tapisserie de 19 mètres de long, réinterprétant la fin du monde à l’aune de toutes nos angoisses collectives (les guerres, les épidémies et les changements climatiques). « Mon intention est de montrer que les idées de destruction sont intemporelles, et qu’avec le temps elles peuvent devenir particulièrement drôles », déclare Koen Taselaar. L’humour – même s’il est noir – est donc ici de rigueur.

Des créatures inspirées des monstres de la littérature, de la bande dessinée ou du cinéma (de Metropolis à Frankenstein) peuplent cette œuvre aux couleurs vibrantes, entourée de totems en céramique et de fauteuils habillés des échantillons ayant servi de tests à l’élaboration de la tapisserie. L’ensemble se déploie dans l’immense nef du Centre de création contemporaine de Tours, dont les larges baies vitrées permettent d’observer de l’extérieur cette parade infernale. Un magnifique écrin pour un accéléré fantaisiste, de la guerre de Cent Ans à la crise du Covid.
> « END AND ». Au Centre de création contemporaine Olivier Debré (CCC OD), jardin François-1er, 37 000 Tours, jusqu’au 21 septembre. Cccod.fr
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