La cité futuriste et tentaculaire qui ne cesse de gagner sur le sable, la mer et le ciel, à mi-chemin entre Blade Runner (1982) et Lawrence d’Arabie (1962), a planté au milieu du désert 190 pavillons, portés par autant de pays. Si ce sont surtout les visiteurs internationaux qui visitent l’exposition universelle de Dubai, ces pavillons constituent aussi un reflet des 200 nationalités qui composent la ville, nés, eux, il y a cinquante ans.
Le partage d’un horizon commun
Ces constructions dévoilent leur plus beau visage sur un site de 4,4 km² (deux fois la taille de Monaco), qui fascine et déroute en même temps. Derrière l’exercice de « disneylandisation » du progrès propre aux expos universelles, ce sont pourtant les très sérieuses tendances du marché international pour la prochaine décennie qui s’affichent. Certains des pavillons sont des prouesses techniques, d’autres des chefs-d’œuvre d’architecture. On y disserte néanmoins sur le sauvetage de la planète aux abords d’une ville climatisée et éclairée comme en plein jour.
Mais comme pour toutes les expositions universelles depuis l’origine, l’événement rappelle que les pays du monde entier peuvent partager un horizon commun et faire preuve d’émulation pour y contribuer. Tout espoir est bon à prendre. Le territoire de la manifestation, qui se termine le 31 mars, ne deviendra pas un no man’s land, mais se métamorphosera en un lieu de vie et de travail opérationnel dès octobre prochain.
Pavillon France de l’exposition universelle de Dubai
« Lumière, lumières » : pensé par l’Atelier Perez Prado et Celnikier & Grabli Architectes (CGA), le Pavillon français est un petit bijou de technologie. Conçu comme une oasis d’où émerge littéralement un baldaquin de lumière, le bâtiment a été construit dans le respect des principes de l’architecture bioclimatique. Il est quasi autonome en énergie avec ses équipements basse consommation et les 2 500 m2 de tuiles solaires intégrées à sa façade. Une façade et un parvis qui se colorent majestueusement de jour comme de nuit, afin de montrer de l’Hexagone son visage le plus beau. Pensé pour être démonté et réutilisé, le pavillon a déjà été racheté par le Centre national d’études spatiales (CNES), qui l’installera dans son campus toulousain.
Pavillon Suède de l’exposition universelle de Dubai
Faire se rencontrer la forêt et le désert : c’est le pari de la Suède, qui a osé un pavillon dont le design marie les denses forêts nordiques et des formes géométriques islamiques. Le cabinet Ripellino Arkitekter, de Stockholm, le studio français d’Adrien Gardère et les Romains de Luigi Pardo Architetti ont travaillé sur l’ouverture et la transparence, en misant sur la forêt comme métaphore de la cocréation et de l’économie biocirculaire, principes choisis par ce pays scandinave pour construire des villes intelligentes. On découvre le concept en déambulant au milieu d’une forêt de troncs, tandis que les salles d’exposition et le café prennent de la hauteur, un peu comme des cabanes. Un joli bol d’air.
Pavillon Maroc de l’exposition universelle de Dubai
Tarik Oualalou, de l’agence parisienne Oualalou + Choi, a osé imaginer un village vertical doté d’une façade en pisé hors norme de 4 000 m2. Il démontre ainsi comment les techniques traditionnelles marocaines trouvent une nouvelle pertinence dans les efforts de conception contemporains et de développement urbain. Cette œuvre pionnière vise à repousser les limites techniques et créatives des matériaux de construction traditionnels, tout en rendant hommage à la culture et aux riches paysages du pays. Composé de volumes rectangulaires superposés, qui rappellent visuellement les villages en terre battue du Maroc, le pavillon dispose quatorze espaces d’exposition autour d’une luxuriante cour intérieure et entraîne ses visiteurs dans l’ambiance d’une médina. Une expérience immersive très agréable.
Pavillon Émirats Arabes Unis de l’exposition universelle de Dubai
Pays hôte, les Émirats se devaient d’édifier un pavillon qui marque les esprits. Conçu par l’Espagnol Santiago Calatrava, le bâtiment de 15 000 m2 s’élève sur quatre étages et survole l’expo avec ses 28 ailes géantes s’inspirant d’un faucon en plein vol, l’emblème de la monarchie. Mouvantes, elles peuvent s’ouvrir en trois minutes. « Une interprétation symbolique du flux de mouvements », selon l’architecte. À l’intérieur, les visiteurs sont plongés dans une atmosphère spatiale, futuriste et organique. Calatrava, aussi auteur du Pavillon du Qatar, a donné la priorité à des matériaux durables, locaux et économes en énergie, afin de réduire la consommation d’eau et d’optimiser la qualité de l’air domestique.
Pavillon Japon de l’exposition universelle de Dubai
« Découvrez le dynamisme, l’art, la culture, la technologie et l’hospitalité traditionnelle du Japon. » À promesse alléchante, réalité cruelle : cet origami géant flottant sur un bassin est celui devant lequel les queues s’allongent le plus… L’installation de Yuko Nagayama & Associates et NTT Facilities révèle une façade tridimensionnelle associant des ornements de l’arabesque arabe à l’asanoha, un motif nippon. L’air conditionné résulte du badguir, technique ancestrale moyen-orientale de ventilation naturelle et de l’uchimizu, pratique rituelle japonaise d’aspersion d’eau. Les visiteurs parcourent ainsi cette structure légère et transparente pour y vivre une expérience virtuelle et intuitive.
Pavillon Finlande de l’exposition universelle de Dubai
Audacieux autant que malicieux, le cabinet finlandais JKMM Architects (auteur du très beau musée Amos Rex à Helsinki) a imaginé une tente arabe… recouverte de neige. Le nom du pavillon, Lumi, s’inspire de la fine couche blanche issue des premières chutes de neige qui tapisse le paysage du pays au début de chaque hiver. En amenant ainsi un fragment de la nature du Nord à Dubai, les architectes font se rencontrer deux cultures. L’entrée emprunte à la tradition nomade et mène à une gorge en bois sculpté au centre de l’édifice. Des formes simples et pures qui reflètent le célèbre héritage de l’architecture et du design modernistes finlandais.
Pavillon Autriche de l’exposition universelle de Dubai
Les trois partenaires du studio viennois Querkraft ont pour philosophie de privilégier l’émotion et de concevoir des structures adaptables qui engendrent un grand sentiment de liberté. À Dubai, ils ont imaginé 38 cônes tronqués, élaborés avec des matériaux de construction locaux. Ces tours éoliennes assemblées à partir d’éléments préfabriqués et démontables s’entrecoupent pour créer des ouvertures aléatoires et de magnifiques effets d’ombre et de lumière. La fraîcheur assurée par un génie climatique intelligent, les doux enduits à l’argile, la terre, la végétation et les ambiances lumineuses favorisent une atmosphère poétique et sensible qui donne envie de s’attarder. Un pavillon charismatique.
Pavillon République de Corée de l’exposition universelle de Dubai
C’est une installation cinétique qui attend les visiteurs du pavillon coréen, sous la forme d’un bâtiment conçu sur cinq étages par Mooyuki Architects et illustrant l’idée d’un « groupe dansant avec enthousiasme ». Sur plus de 5 200 m2 d’emprise au sol, cet empilage de cubes rotatifs incarne le dynamisme en créant des images et des motifs sans cesse renouvelés. L’intérieur invite à une longue descente en spirale semée d’expériences interactives à travers des environnements réels et virtuels qui rappellent, si besoin était, que la Corée s’affiche comme un leader mondial de la quatrième révolution industrielle. Back to the future.
Pavillon Bahreïn de l’exposition universelle de Dubai
Bahreïn se classe dans le peloton de tête des pays les plus denses du monde et a toujours su composer avec son manque d’espace. L’architecte suisse Christian Kerez a donc cherché à montrer comment la géographie du territoire en a défini le développement. Une vertigineuse forêt de 126 colonnes, de 11 cm de diamètre et 24 mètres de haut, évoque des aiguilles de tissage. Se rejoignant, elles percent la façade. De l’art d’inviter à des ateliers… Le visiteur participe à un voyage artisanal, découvre techniques traditionnelles et autres technologies innovantes utilisées dans la fabrication de fibres de carbone et de verre. Du métier à tisser jusqu’à l’industrie.
Pavillon Australie de l’exposition universelle de Dubai
Chargés d’amener « un morceau d’Australie » à Dubai, les architectes de Bureau Proberts, à Brisbane, ont choisi de représenter un élément naturel commun aux paysages australiens : le cumulus. « Agile et en constante évolution, il est un signe de temps clair et d’expansion. » Grâce à un échantillonnage numérique, des lames verticales en aluminium de longueurs irrégulières installées à différentes hauteurs façonnent l’apparence d’une seule forme gonflée. Le ciel changeant le jour et les éclairages la nuit créent du mouvement. Ce nuage symbolise la force que l’Australie tire d’une société socialement, culturellement et intellectuellement mobile.
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