Dès l’entrée de l’exposition, les photos géantes avant/après prises par la NASA font claquer l’évidence : la planète et ses habitants sont en danger. Il y a donc urgence à réfléchir collectivement (designers, architectes, scientifiques, artistes, ingénieurs, urbanistes, biologistes, mais aussi citoyens et politiques) à la façon de restaurer les liens entre l’homme et son environnement ou d’adoucir cette rupture lorsqu’elle est consommée.
« Je fais des expositions qui utilisent le design comme plateforme, afin d’encourager de nouvelles façons de penser qui contribuent à susciter des prises de conscience », affirme Paola Antonelli, la commissaire. « Broken Nature » est une démonstration de son approche disruptive, révélée dès 2008 à New York, au MoMA, avec « Design & The Elastic Mind ». Parmi les projets phares réalisés avec l’aide d’un comité pluridisciplinaire, il faut citer la vaisselle Anima, fabriquée à partir de résidus alimentaires et de laque par Kosuke Araki, ainsi qu’Ore Streams, développé par le duo italien de designers Formafantasma, qui offrent une seconde vie aux déchets électroniques et livrent un travail sur l’obsolescence programmée.
Confié à l’historienne du design Catherine Geel, le pavillon français met en lumière neuf jeunes designers : Samy Rio et sa passion pour le bambou comme nouveau standard semi-industriel ; David Enon, qui propose un système de production d’objets utilisant le même procédé de fabrication (s)low tech que les récifs coralliens artificiels Biorock (Bali)… « Broken Nature » fait du collaboratif et des expertises croisées une condition sine qua non à la création et à la survie de la planète.
> « Broken Nature, Design Takes on Human Survival ». Au musée de la Triennale, à Milan, jusqu’au 1er septembre.