C’est dans une mise en scène industrielle, sous la forme d’un catalogue à échelle humaine, que l’on découvre une partie de l’extraordinaire fonds du Vitra Schaudepot. à l’occasion de l’exposition « Seats of power » (jusqu’au 17 février 2019). De hauts rayonnages emplis d’assises nous plongent dans l’évolution d’un meuble usuel dont on ne compte plus les icônes.
A l’exercice de style vient s’ajouter un discours symbolique. Avec « Seats of power », la chaise devient une expression des jeux de pouvoir. On pense évidemment aux trônes des rois, mais on la retrouve également en plein débat télévisé, lorsque John F. Kennedy et Richard Nixon s’affrontent pour les élections de 1960, tous deux assis sur le modèle JH501 de Hans J. Wagner (1949).
Le meuble avait alors été choisi pour sa conception à la fois sobre et moderne, reflet d’un discours politique qui se voulait modeste et populaire. Un message par le design que développera ailleurs Hella Jongerius avec sa East River Chair (2013), destinée au siège des Nations-Unis à New York, dont les matériaux et les formes invitent à l’ouverture et à la pluralité.
A la politique politicienne s’ajoutent les mœurs et la mode, des premières expériences du Bauhaus avec le fauteuil Wassily de Marcel Breuer (1925), à l’acier grillagé de Harry Bertoia et sa Diamond Chair (1952), en passant par les formes psychédéliques de la monocoque de Verner Panton (1968), jusqu’à la Louis Ghost (2002) par Philippe Starck, qui détourne une forme classique en polycarbonate. La chaise s’invente et se réinvente, questionnant ses propres codes.
Désormais recyclé ou imprimé en 3D, ce meuble continue d’interroger, plus que nos usages, notre vision du monde. La chaise a, décidément, un rapport avec notre fondement.
> Seats of Power, jusqu’au 17 février 2019 au Vitra Schaudepot. Vitra Design Museum, Charles-Eames-Str. 2, D-79576 Weil am Rhein.